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Washington peine à convaincre ses alliés d'envoyer des troupes en Syrie

Le califat physique a été détruit", mais "l'EI change de visage et se réorganise dans la clandestinité, bâtissant des réseaux avec d'autres groupes terroristes, y compris un réseau mondial", a fait valoir la ministre allemande de la Défense, Ursula von der Leyen. © KEYSTONE/AP DPA/SVEN HOPPE
Le califat physique a été détruit", mais "l'EI change de visage et se réorganise dans la clandestinité, bâtissant des réseaux avec d'autres groupes terroristes, y compris un réseau mondial", a fait valoir la ministre allemande de la Défense, Ursula von der Leyen. © KEYSTONE/AP DPA/SVEN HOPPE


Publié le 15.02.2019


Le chef du Pentagone a peiné vendredi à convaincre ses partenaires de la coalition anti-Etat islamique (EI) d'établir une présence militaire dans le nord syrien une fois les Américains partis. Cette présence viserait à protéger les alliés kurdes.

Les treize ministres de la Défense des principaux pays de la coalition internationale anti djihadiste, réunis en marge de la Conférence sur la sécurité de Munich, cherchent depuis des semaines une réponse au casse-tête du retrait imminent du principal contributeur à cette alliance militaire.

L'objectif est double: ne pas abandonner à leur sort des Kurdes qui ont mené sur le sol syrien les combats contre l'organisation djihadiste Etat islamique, avec l'appui de la coalition, et maintenir un effort antiterroriste pour éviter la résurgence de l'EI, passé dans la clandestinité.

"Force d'observateurs"

Mais le chef intérimaire du département à la Défense, Patrick Shanahan, n'a pas apporté de solution concrète à ses partenaires. Et sa proposition de les voir constituer une "force d'observateurs" dans le nord-est syrien a été fraîchement accueillie.

"Si le temps est venu de réduire le nombre de troupes américaines au sol dans le nord-est de la Syrie, les Etats-Unis restent engagés en faveur de la cause de la coalition: la défaite permanente de l'EI au Moyen-Orient et au-delà", a assuré M. Shanahan, en promettant de rester "au côté des alliés et partenaires". Sans précision.

L'EI se réorganise

Aux yeux des alliés, le temps presse: le retrait unilatéral des Américains interviendra dans les semaines suivant la reprise du dernier réduit des combattants de l'EI dans l'est syrien par les forces arabo-kurdes (FDS) et de la coalition.

La France comme l'Allemagne, endeuillées par des attentats djihadistes sur leur sol, craignent que ce retrait entraîne une dispersion des combattants djihadistes étrangers et la réapparition de cellules en Syrie.

"Le califat physique a été détruit", mais "l'EI change de visage et se réorganise dans la clandestinité, bâtissant des réseaux avec d'autres groupes terroristes, y compris un réseau mondial", a fait valoir la ministre allemande de la Défense, Ursula von der Leyen.

Protéger les Kurdes

Autre enjeu majeur: le retrait des 2000 soldats américains laisse en suspens l'avenir des zones contrôlées au nord par la milice kurde des Unités de protection du peuple (YPG) que la Turquie veut neutraliser. Damas réclame pour sa part la fin de l'autonomie kurde dans cette zone.

M. Shanahan avait évoqué plus tôt dans la semaine la création d'une force d'observateurs dans une zone tampon, afin de protéger les Kurdes syriens, et empêcher des cellules djihadistes de se reconstituer.

Paris et Berlin sceptiques

L'idée est accueillie avec scepticisme par Paris, qui contribue aux opérations de la coalition à hauteur de 1200 hommes (artillerie, forces spéciales, frappes aériennes et formation de l'armée irakienne).

"Il est totalement hors de question d'avoir des Français au sol sans les Américains" sur le terrain, a affirmé une source française. D'autant que "pour sécuriser une telle zone de 400 km le long sur 30 km de large, il faudrait 20'000 hommes", renchérit un haut gradé européen.

Le ministre français des Affaires étrangères Jean-Yves Le Drian a en outre qualifié de "mystère" la politique américaine en Syrie, qui en retirant ses troupes du pays "risque de favoriser" l'Iran, son ennemi juré.

"Nous devons défendre le principe de l'équité dans l'amitié transatlantique", a plaidé pour sa part Ursula von der Leyen. Or, "l'équité, ça vaut pour le partage du fardeau militaire, et aussi pour les décisions politiques. Pour nos missions, nous défendons le principe: on rentre ensemble, on sort ensemble", a-t-elle affirmé.

Londres s'est pour sa part bornée à promettre qu'elle"continuera à faire tout le nécessaire pour (s') assurer que la Grande-Bretagne et ses alliés restent en sécurité" face à la menace d'une résurgence de l'EI.

ats, afp

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