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Zeid dénonce le silence à l'ONU sur le retour des nationalismes

Le Haut commissaire aux droits de l'homme Zeid Raad al-Hussein s'exprimait pour la dernière fois de son mandat au début d'une session du Conseil des droits de l'homme (archives). © KEYSTONE/MARTIAL TREZZINI
Le Haut commissaire aux droits de l'homme Zeid Raad al-Hussein s'exprimait pour la dernière fois de son mandat au début d'une session du Conseil des droits de l'homme (archives). © KEYSTONE/MARTIAL TREZZINI


Publié le 18.06.2018


Le Haut commissaire aux droit de l'homme a eu droit à une "ovation debout" à Genève pour son dernier grand discours au début du Conseil des droits de l'homme. Zeid Raad al-Hussein a dénoncé "le silence à l'ONU" face au retour des nationalismes qu'il a souvent dénoncé.

"Le nationalisme est l'opposé de l'ONU", "son ennemi", a estimé le Jordanien à l'ouverture de trois semaines de travaux de l'enceinte. Il a appelé les Etats membres à "faire davantage" et "travailler plus dur" pour que les droits de l'homme soient honorés dans le monde.

M. Zeid a dénoncé à plusieurs reprises la politique du président américain Donald Trump. Lundi encore, il a à nouveau ciblé la décision "déraisonnable" des Etats-Unis de séparer migrants adultes et enfants, dont il demande le retrait et que son bureau avait récemment considérée comme "illégale".

La menace d'un retrait américain du Conseil, notamment après le vote de l'envoi d'une Commission d'enquête dans la bande Gaza, va peser sur les travaux de l'enceinte. M. Zeid a demandé à Israël d'accorder un accès à ces spécialistes.

Rohingyas, Cachemire et Yémen

Parmi les situations qu'il a mentionnées, il a répété que "des indications d'attaques bien organisées, répandues et systématiques continuent de cibler les Rohingyas" dans l'Etat birman de Rakhine. Et de condamner à nouveau "de possibles actes de génocide". Mais aussi de nombreux abus depuis plusieurs mois dans les Etats de Kachin et de Shan.

M. Zeid a aussi fait part de sa "grave préoccupation" sur l'offensive de la coalition menée par l'Arabie saoudite au Yémen qui pourrait affecter l'assistance pour des millions de personnes. Comme annoncé dans un rapport publié la semaine dernière, il demande au Conseil l'envoi d'une Commission d'enquête sur la situation au Cachemire, aussi bien en Inde qu'au Pakistan.

Les récentes violences au Nicaragua, dans lesquelles près de 180 personnes ont été tuées, "pourraient bien" demander aussi un mécanisme international d'investigations, selon lui. Dont l'incendie criminel qui a fait plusieurs victimes il y a deux jours.

Femme souhaitée par Guterres

M. Zeid a répété aussi qu'il souhaite encore une Commission d'enquête internationale au Venezuela. Au Cameroun, il a déploré les violences entre l'armée et une dizaine de groupes qui auraient provoqué des arrestations et des détentions arbitraires, de la torture et un recours excessif à la force. Environ 150'000 personnes ont été déplacées et des dizaines de milliers se sont réfugiées au Nigeria.

M. Zeid quittera ses fonctions fin août. "C'est la responsabilité la plus difficile, la plus difficile et la plus satisfaisante dont j'ai eu la charge", a-t-il affirmé.

Pour lui succéder, plusieurs noms circulent comme l'ancienne présidente chilienne Michelle Bachelet, qui ne serait toutefois pas intéressée, l'ancienne directrice générale de l'UNESCO Irina Bokova, la récente présidente argentine de la Cour pénale internationale (CPI) Silvia Fernandez de Gurmendi ou le conseiller spécial de l'ONU sur la prévention du génocide Adama Dieng. Le secrétaire général de l'ONU Antonio Guterres ne cache pas sa préférence pour une femme.

Keystone-ATS

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