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Zemmour condamné à une amende pour provocation à la haine

Eric Zemmour était jugé pour avoir qualifié les migrants mineurs isolés de "voleurs", "assassins", "violeurs" sur la chaîne CNews en 2020. © KEYSTONE/EPA/CHRISTOPHE PETIT TESSON
Eric Zemmour était jugé pour avoir qualifié les migrants mineurs isolés de "voleurs", "assassins", "violeurs" sur la chaîne CNews en 2020. © KEYSTONE/EPA/CHRISTOPHE PETIT TESSON
Eric Zemmour était jugé pour avoir qualifié les migrants mineurs isolés de "voleurs", "assassins", "violeurs" sur la chaîne CNews en 2020. © KEYSTONE/EPA/CHRISTOPHE PETIT TESSON
Eric Zemmour était jugé pour avoir qualifié les migrants mineurs isolés de "voleurs", "assassins", "violeurs" sur la chaîne CNews en 2020. © KEYSTONE/EPA/CHRISTOPHE PETIT TESSON


Publié le 17.01.2022


Le candidat d'extrême droite à l'élection présidentielle Eric Zemmour a été condamné lundi à 10'000 euros (10'430 francs) d'amende pour provocation à la haine pour des propos sur les mineurs migrants isolés. Un jugement dont son avocat a annoncé qu'il ferait appel.

Le tribunal a suivi les réquisitions du parquet et infligé au candidat d'extrême droite à la présidentielle, absent pour la décision comme à son procès en novembre, une peine de 100 jours-amende à 100 euros, avec possibilité d'emprisonnement en cas de non-paiement.

"C'est la condamnation d'un esprit libre par un système judiciaire envahi par les idéologues. Rien que de très tristement habituel, en somme", a réagi Eric Zemmour dans un communiqué. L'avocat du polémiste, Olivier Pardo, avait annoncé l'appel de son client dès sa sortie de la salle d'audience.

"D'abord parce que la plupart du temps nous avons gagné en appel", a justifié Me Pardo, ensuite parce que le tribunal correctionnel de Paris a "dénaturé la poursuite" en estimant que les propos de M. Zemmour "portaient atteinte aux immigrés" alors qu'ils visaient les migrants mineurs isolés.

Déjà poursuivi à de nombreuses reprises pour injure raciale, provocation à la haine ou contestation de crime contre l'humanité, Eric Zemmour était cette fois cité à comparaître pour des propos tenus sur la chaîne CNews, dont il était alors le chroniqueur vedette.

"Invasion permanente"

Le 29 septembre 2020, lors d'un débat dans l'émission "Face à l'info" après un attentat devant les ex-locaux de Charlie Hebdo, le polémiste affirmait: "ils n'ont rien à faire ici, ils sont voleurs, ils sont assassins, ils sont violeurs, c'est tout ce qu'ils sont, il faut les renvoyer et il ne faut même pas qu'ils viennent".

"C'est une invasion permanente", "c'est un problème de politique d'immigration", avait-il ensuite ajouté.

Des "propos méprisants, outrageants" qui montrent "un rejet violent" et une "détestation" de la population immigrée et qui ont franchi "les limites de la liberté d'expression", avait estimé la représentante du ministère public à l'audience en novembre.

"Il n'y a pas une once de racisme chez Eric Zemmour" qui ne fait que dire "la réalité", parfois de "manière brutale, avec ses mots", avait rétorqué Me Pardo, évoquant "une position politique".

Il avait plaidé la relaxe, estimant que la citation pour provocation à la haine raciale ne tenait pas: "les mineurs isolés ne sont ni une race, ni une nation, ni une ethnie".

Le tribunal a aussi condamné le directeur de publication de CNews, jugé au côté d'Eric Zemmour comme c'est l'usage dans les procès de presse, à 3000 euros d'amende.

Trentaine d'associations

Une trentaine d'associations s'étaient constituées parties civiles, dont SOS Racisme, la Ligue des droits de l'Homme (LDH) et la Licra, ainsi qu'une vingtaine de conseils départementaux - les mineurs non accompagnés étant pris en charge par l'aide sociale à l'enfance, gérée par les départements.

Arié Alimi, avocat de la LDH a salué devant la presse une décision "importante". "Derrière ce projet médiatique, il y a un projet politique, c'est un projet de haine, un projet qui tend à stigmatiser les personnes en raison de leur origine, en raison de leur confession, de leur race", a-t-il déclaré.

Les sorties controversées d'Eric Zemmour, 63 ans, contraint à la mi-septembre de quitter CNews en raison de ses ambitions présidentielles, lui ont valu depuis une dizaine d'années une quinzaine de poursuites en justice.

Plusieurs fois relaxé, il a été condamné à deux reprises pour provocation à la haine.

Autre jugement jeudi

Le candidat d'extrême droite doit être jugé en appel jeudi pour contestation de crime contre l'humanité après avoir soutenu en octobre 2019 sur CNews que le maréchal Philippe Pétain avait "sauvé" les juifs français.

Il avait été relaxé en février 2021, le tribunal estimant que les propos avaient été prononcés "à brûle-pourpoint lors d'un débat sur la guerre en Syrie".

Il a aussi été assigné, le 27 janvier, par des sociétés et des personnalités du cinéma pour contrefaçon, après l'utilisation non autorisées d'images dans son clip d'entrée en campagne.

ats, afp

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