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Bonmont, une abbaye oubliée qui continue de rayonner

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Bonmont, première abbaye cistercienne de Suisse. © Bernard Litzler
Bonmont, première abbaye cistercienne de Suisse. © Bernard Litzler
Publié le 11.07.2020

Temps de lecture estimé : 3 minutes

A Bonmont, première abbaye cistercienne en Suisse, ne subsistent que l’église abbatiale et les bâtiments conventuels repris par un golf. L’âme de ce magnifique endroit proche de Nyon, marqué par l’austérité chère à saint Bernard, perdure cependant. Tout ici est relique du XIIe siècle. Pour les passionnés de spirituel s’impose l’église abbatiale, pour les golfeurs, installés dans les bâtiments conventuels de jadis, le sport est roi.

Du haut de sa tour carrée, l’abbatiale domine les lieux verdoyants. Le bâtiment est épuré, les lignes claires. Pas de décor mural apparent, ni bancs, ni chaises dans la nef, un volume sobre qui élève le regard. Des vitraux modernes ajoutent à la sensation de dépouillement.

Dans le chœur, des micros et une table de mixage, signes d’un enregistrement en cours: «Des disques sont souvent enregistrés ici. Et des concerts ont lieu régulièrement», indique Hélène Lasser, «intendante» et guide. Il suffit de chanter. Le son monte, se prolonge, comme suspendu aux voûtes séculaires. «L’écho dure sept secondes, c’est pourquoi l’église est si prisée des chorales. Mais pas de Mozart ici, il y a trop de notes! Plutôt des chants méditatifs.»

Charles Ansermet, jeune hydrogéologue, officie également comme guide. Ce passionné prépare un ouvrage sur l’abbaye. «Bonmont a été l’une des plus riches abbayes de l’Arc lémanique», note-t-il. Un rayonnement difficile à imaginer dans cette église austère. Blanchie à la chaux, elle reflète la simplicité chère à Bernard de Clairvaux, fondateur de l’Ordre cistercien. «C’est la première abbaye cistercienne de Suisse, la 8e dans l’Ordre de saint Bernard», ajoute Hélène. Les bénédictins de Bonmont adoptent la règle cistercienne en 1131: ils construisent en 60 ans une église conventuelle reflétant leur nouvel élan spirituel. Bonmont devient bientôt une puissance agricole régionale.

Témoins de cette richesse, les bâtiments conventuels, repris par le Golf de Bonmont. L’abbaye a vécu, de sa fondation à l’invasion bernoise en 1536, un âge d’or de quatre siècles. Elevage, moulins, pisciculture, forge, vigne, fabrication de chaux, faïencerie, fonderie de cloches, scierie: une vraie industrie est née dans le sillage des moines. La réforme initiée par Bernard de Clairvaux insistait sur la pauvreté et le refus d’exploiter les serfs. Mais l’évolution économique du monastère a fait bouger les lignes: «Vers 1260, environ 200 hommes liges travaillaient pour l’abbaye», confie Charles Ansermet.

Avec l’arrivée des Bernois, l’abbaye devient tour à tour grenier et cave, boulangerie et fromagerie, garage et dépôt agricole. Le canton de Vaud restaure l’édifice entre 1980 et 1995, redonnant une âme au site. Aujourd’hui, l’abbatiale vaudoise est utilisée pour des concerts (les Vibrations de Bonmont) et parfois pour certains offices religieux ou mariages. Le dimanche du Jeûne fédéral, un office œcuménique y est célébré. Enthousiastes, les amoureux de Bonmont perpétuent son esprit.

BERNARD LITZLER, CATH.CH

Visites de l’abbatiale possibles tous les après-midi en juillet et en août.

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