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Benoît Piller: «Il est important de prendre des positions tranchées face à l'UDC»

Interview • Victorieux en 2011, le Parti socialiste fribourgeois n’entend pas céder de terrain en octobre 2015. Objectif: consolidation des positions tant au Sénat qu’au Conseil national. Le point avec Benoît Piller.

«Nous avons tout d’abord un candidat à replacer au Conseil des Etats, Christian Levrat. Et nous entendons confirmer nos trois sièges au Conseil national» note Benoît Piller, président du PS fribourgeois. © Charles Ellena
«Nous avons tout d’abord un candidat à replacer au Conseil des Etats, Christian Levrat. Et nous entendons confirmer nos trois sièges au Conseil national» note Benoît Piller, président du PS fribourgeois. © Charles Ellena

Propos recueillis par Patrick Pugin

Publié le 07.11.2014

Temps de lecture estimé : 6 minutes

Emmené par ses deux locomotives Alain Berset et Christian Levrat, le Parti socialiste (PS) fribourgeois avait été le grand vainqueur des élections fédérales de 2011. Et la formation à la rose espère remettre ça à l’automne 2015. Mais la donne a changé: Berset est conseiller fédéral et Levrat lui a succédé aux Etats. Le président Benoît Piller se veut cependant confiant: selon lui, le PS préservera son siège au Sénat et confirmera ses trois fauteuils au Conseil national. Comme en 2011, une large alliance de la gauche devrait y contribuer.

- En octobre 2011, le PS progressait tant sur le plan fédéral (26,7% au Conseil national, +4 points) que sur le plan cantonal (24,3% au Grand Conseil, +3,1 points). Pensez-vous être toujours installé dans cette dynamique de succès?

Benoît Piller: Certainement. Et nous avons pu le vérifier en octobre 2013, lors de l’élection complémentaire qui a suivi la démission d’Isabelle Chassot. Jean-François Steiert est parvenu à réunir sous son nom près de la moitié des Fribourgeois, alors que la base électorale de la gauche plurielle se situe à 30%.

- Cette non-élection de Jean-François Steiert au Conseil d’Etat n’est pas un échec?

Il est bien sûr décevant, après avoir dépensé tant d’énergie, de manquer la victoire pour 500 voix. Nous étions prêts, nous présentions un excellent candidat, mais nous nous sommes retrouvés face à une droite qui, pour sauver sa majorité, a conclu une alliance contre nature. Car sur le fond, UDC, PLR et PDC sont très divisés: ni leurs idées ni leurs buts ne sont les mêmes.

- Le PS ne partage pas toujours les vues de ses alliés verts ou chrétiens-sociaux…

Certes, mais nous partageons un tronc idéologique commun très solide: la défense de l’Etat social, le juste partage des richesses… Cela m’autorise à dire que nos alliances sont naturelles.

- Il y aura donc en 2015 une large alliance à gauche, comme en 2011.

Les socialistes ont toujours été favorables à une gauche plurielle. Nous discutons donc avec nos partenaires… et nous arrivons tranquillement à conclure!

- Que le PS ait soufflé le siège du Parti chrétien-social n’a-t-il pas crispé les relations entre les deux formations?

Non, parce que c’est le jeu de la proportionnelle: ceux qui ont le plus de voix peuvent aller siéger. L’important pour nous tous, c’est d’être représentés par trois candidats issus de la gauche plurielle.

- La perte de vitesse des Verts relevée par le dernier baromètre électoral - au profit des Vert’libéraux notamment - vous inquiète-t-elle?

Ce sont des tendances nationales. Dans le canton, les Verts sont assez forts. Et puis cela ne nous fait pas trop de souci, dans la mesure où les mouvements se font au sein de cette gauche plurielle. Si les Verts perdent quelques points et que nous les gagnons, cela reste dans le giron commun.

- Au niveau national, Verts et Vert’libéraux semblent vouloir se rapprocher. Au Grand Conseil fribourgeois, le député vert’libéral siège avec l’Alliance centre-gauche. Le Parti vert’libéral (PVL) peut-il être un partenaire de la gauche plurielle?

Nous voulons concrétiser une alliance assez large, représentative de l’ensemble de la gauche. Mais il faut savoir s’arrêter! A Berne, les élus vert’libéraux ne reflètent pas trop les convictions socialistes… Donc non, le PVL ne sera probablement pas un partenaire de l’alliance.

- Quels sont vos objectifs électoraux pour 2015?

Nous avons tout d’abord un candidat à replacer au Conseil des Etats, Christian Levrat. Et nous entendons confirmer nos trois sièges au Conseil national. Et, bien sûr, nous comptons améliorer notre pourcentage.

- Pensez-vous maintenir vos trois sièges au National sans la locomotive Levrat pour «tirer» la liste?

Nos trois conseillers nationaux ont fait du bon travail et chacun va s’engager pour défendre son siège. Et puis il s’agit d’une élection à la proportionnelle: il faut compter sur la force du parti lui-même tout autant que sur celle des individus, bien que ceux-ci tirent évidemment les listes.

- Christian Levrat avait drainé à lui seul près d’un quart des suffrages du PS en 2011 (37 000 sur 152 000)… Cela risque d’être compliqué à compenser!

Nous avons besoin d’un certain pourcentage pour confirmer ces trois sièges. Et ce pourcentage, avec la liste de candidats que nous allons présenter, nous l’atteindrons. Il s’agit d’un défi important, il y aura un gros travail à fournir, mais je suis confiant.

- La campagne des Etats promet d’être animée à droite. Avez-vous une préférence pour le sénateur qui accompagnera Levrat?

Tout d’abord, chacun a reconnu que le duo Levrat-Schwaller avait fonctionné à la satisfaction des intérêts du canton. Maintenant, c’est à la droite de placer son meilleur candidat… Nous souhaitons pour notre part que l’équilibre qui a fait ses preuves soit maintenu. Mais selon qui sera choisi, nous pourrions réagir en soutenant une personnalité plus proche de nos idées.

- Christian Levrat a récemment musclé son discours sur l’UDC, la traitant de fascistoïde. Etait-ce judicieux?

Il est important de prendre des positions tranchées face à cette UDC qui, avec ses initiatives peau de banane, place le pays dans une situation délicate. On le voit avec la votation du 9 février, dont on parle quasiment tous les jours tant elle met la Suisse dans l’embarras. Pour éviter que cela se reproduise trop souvent, il est à mon sens important de dénoncer clairement l’UDC, d’être plus dur avec elle.

- Sur quels thèmes articulerez-vous votre campagne?

Sur les grands thèmes qui nous tiennent à cœur, comme la répartition des richesses. Parce que la droite ne comprend toujours pas qu’en polarisant la richesse, on tue l’économie. Nous défendons l’idée que l’économie tourne mieux lorsque la richesse est mieux distribuée. 

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