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Losey claque la porte de l’UDC

Politique • Le député broyard quitte une Union démocratique du centre dont il ne cautionne plus «le populisme à outrance». L’agriculteur de Sévaz rejoint les rangs du Parti libéral-radical.

Les relations étaient tendues depuis longtemps entre Michel Losey et l’UDC. La rupture est aujourd’hui consommée. © Charly Rappo–a
Les relations étaient tendues depuis longtemps entre Michel Losey et l’UDC. La rupture est aujourd’hui consommée. © Charly Rappo–a

Patrick Pugin

Publié le 23.12.2014

Temps de lecture estimé : 5 minutes

Michel Losey claque la porte de l’Union démocratique du centre (UDC). Avec effet immédiat, annonce-t-il dans un communiqué. Le député broyard - qui siège au parlement cantonal depuis 1996 - ne cautionne plus «le populisme à outrance» d’une formation où «il est devenu impossible d’évoquer des sujets qui déplaisent». Raison pour laquelle il annonce rejoindre les rangs du Parti libéral-radical (PLR).

La défection de Michel Losey n’est pas autrement surprenante. Elle n’étonne d’ailleurs pas Roland Mesot, le président de l’UDC fribourgeoise, qui l’a appris hier: «Nous nous y attendions.» Il faut dire que cela fait quelques années déjà que les relations entre la formation et son élu sont tendues.

Le Broyard le reconnaît lui-même: «Depuis mon cri du cœur lors de l’éviction de Christoph Blocher du Conseil fédéral, une déchirure s’est produite au sein du parti ainsi qu’avec certains élus et responsables de l’UDC.» C’était en décembre 2007. «Il avait ensuite contacté des députés pour créer une section du Parti bourgeois-démocratique», se souvient Roland Mesot. Sans succès.

Non au populisme

Michel Losey aurait peut-être pu rester au sein de l’UDC si le parti avait conservé ses racines agrariennes. Mais le renouvellement du Grand Conseil, en 2011, a amené de nouveaux élus qui ont «inexorablement» affaibli cette aile, constate le Broyard. Il déplore: «Le populisme est devenu monnaie courante.» Et de donner l’exemple de la récente polémique sur le discours de la Saint-Nicolas: «Ce genre de prise de position électoraliste devient le fonds de commerce de l’UDC cantonale et je ne le cautionne plus», explique Michel Losey.

Il n’a pas digéré non plus les récentes confidences du conseiller national Jean-François Rime, qui a avoué qu’il lui arrivait de communiquer à ses fils des informations confidentielles glanées en commission. «Un comportement inadmissible et intolérable», tonne le député broyard. «Cette pratique serait, dans un environnement financier, considérée comme un délit d’initié ayant des impacts pénaux.» Mais au sein de l’UDC fribourgeoise, il est mal vu de critiquer le parlementaire bullois: «C’est un sujet tabou», confie Michel Losey.

Pas question non plus, au sein de la formation, d’aborder la question du choix du candidat pour le Conseil d’Etat en 2016. Le pouvoir décisionnel, au sein de l’UDC, est confisqué par quelques personnes, déplore le député de Sévaz.

Un député qui a encore soif de politique, rapporte Roland Mesot: «Mais il estimait que l’horizon était bouché chez nous. Il n’avait pas tort…» Mais au PLR, l’horizon ne semble pas mieux dégagé: «Nous ne lui avons fait aucune promesse, sinon celle de figurer sur notre liste au Grand Conseil», relève le président libéral-radical Didier Castella. Par ailleurs très content que sa formation, après le préfet singinois Nicolas Bürgisser, séduise une nouvelle personnalité politique fribourgeoise. Et pourquoi le PLR plutôt qu’un autre? «Car il y existe une liberté d’expression et parce que son positionnement, plus à droite que le PDC, me convient», explique Michel Losey.

Son avenir politique? Le Broyard ne tire pas de plans sur la comète: «Je n’ai pas d’exigences et n’ai pas à bousculer le PLR. S’il y a des opportunités, je les saisirai.» Après celle de 2011 pour l’UDC, une nouvelle candidature au Conseil national l’intéresse-t-elle? «Cela reste ouvert, mais je le répète, je n’ai pas d’exigences.»

Présidence en question

Elu sur la liste UDC, Michel Losey n’en restera pas moins député. «Le peuple l’a choisi, nous ne remettons pas cela en question», indique Roland Mesot. Par contre, la présidence de la Commission des finances et de gestion (CFG) qu’occupe le Broyard depuis 2012 sera sans doute remise en question. Car les groupes politiques n’y seront plus représentés de manière équitable. «On ne fait pas d’omelette sans casser des œufs», philosophe Michel Losey. Il savait qu’en faisant ce choix, il devrait peut-être faire le deuil de la CFG. «Je le regretterais, car c’est une fonction que j’aime et je pense que nous avons bien travaillé ces dernières années. Si je dois abandonner, je le ferai, mais avec un pincement au cœur.»

Entente pas touchée

Cette défection est-elle de nature à tendre les relations entre les partenaires de l’entente bourgeoise, appelés à faire liste commune pour le Conseil d’Etat en 2016? Roland Mesot est catégorique: «Non.» Didier Castella se montre pour sa part plus nuancé: «Au niveau de la direction des partis, cela ne posera pas de problèmes. Du côté des membres, par contre, cela pourrait peut-être susciter quelques tensions.» A voir.

Les transferts de personnel sont réguliers entre les partis fribourgeois. Le plus retentissant de ces dernières années fut celui d’Emanuel Waeber, qui avait rejoint l’UDC tout juste après avoir quitté la présidence du PDC. En 2002, le passage de Jean-François Rime du PLR à l’UDC avait également fait sensation.

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