érythrée • Le témoignage des parlementaires suisses de retour de leur voyage suscite la colère de deux Erythréens.

Des membres du Parlement suisse ont voyagé quelques jours en Erythrée pour savoir pourquoi de nombreux Erythréens quittent leur pays sans arrêt. Après leur retour, il faut rappeler que notre peuple est condamné, par des menaces, à ne pas dire la vérité à propos de la situation existante. De plus, il n’y a pas de presse libre dans ce pays.

Nous rappelons qu’il y a plus de prisons que d’hôpitaux et d’écoles réunis, que le dictateur n’a jamais accepté leur visite par des organisations internationales (Amnesty International, Commission d’enquête de l’ONU, etc.). Les élus suisses ont donc eu un rapport complètement hors de la réalité, car les belles photos qu’ils ont ramenées ne reflètent pas la réalité que nous vivons au quotidien.

Alors oui, nous avons de grandes rues, notamment dans la capitale Asmara, et de beaux hôtels de luxe, uniquement fréquentés par les personnalités visitant le pays, mais une fois encore, ce n’est pas notre réalité. Nous sommes les vrais témoins de la souffrance de notre peuple qui pleure et saigne jour et nuit. Nous y avons vécu plus de 23 ans et pas seulement six jours.

De nombreux dictateurs sont doués pour organiser de tels voyages. Ils font ça dans le but d’obtenir par exemple des aides matérielles ou le soutien de politiciens. Ces Suisses ont fait un voyage organisé par le consul honoraire d’Erythrée. Leur témoignage est une insulte aux victimes du régime, à nous qui sommes maltraités dans notre propre pays par un régime criminel, qui détient et torture des milliers de citoyens depuis des années, qui pratique aussi le service militaire illimité et le travail forcé.

Seim Hayle, Villars-sur-Glâne.

Solomon Ghirmay, Vésenaz (GE), réfugiés en Suisse depuis 2011 et 2013