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Chine: le tout et le n’importe quoi

Chine: le tout et le n’importe quoi
Chine: le tout et le n’importe quoi

Dominique Dreyer

Publié le 19.10.2021

Temps de lecture estimé : 2 minutes

Opinion

On lit tout et n’importe quoi sur la Chine, ce qui n’est pas nouveau. Il y avait un temps – en particulier sous le règne totalitaire de Mao Zedong – où elle était carrément encensée. La gauche caviar parisienne lui consacrait des envolées lyriques aux enflures proportionnelles à l’ignorance de ses auteurs. Mais les modes changent, la tendance s’est renversée. La Chine aussi a changé. Les réformes politiques et économiques de Deng Xiaoping, l’ouverture sur le monde et l’accès aux marchés étrangers en ont fait l’une des grandes puissances du globe. On ne le lui pardonne pas. Nombre de commentateurs occidentaux veulent y voir une menace pour notre culture, notre mode de vie, si ce n’est pour notre économie. Xi Jinping est décrit comme le nouveau conquistador d’un pays réprouvant systématiquement les droits de l’homme. Trump, aidé par son courtisan en chef Pompeo, avait lancé le mouvement. Biden et son secrétaire d’Etat l’entretiennent et semblent vivre dans l’illusion qu’avec une stratégie plus rationnelle que celle de leurs prédécesseurs, ils pourront imposer leurs volontés à la Chine.

Le Parti communiste chinois est un régime autoritaire, certes, échappant à l’équilibre de contre-pouvoirs démocratiques. Mais il n’est plus le parti totalitaire qu’il était sous Mao Zedong. Assurément, sous prétexte de lutte contre la corruption et de renforcement de l’autorité de l’Etat, Xi Jinping a donné une orientation excessivement autoritaire et doctrinaire au régime. Les organes de propagande sont plus puissants que jamais, aucune critique publique du régime ou de sa politique n’est tolérée.

Le régime semble trouver dans le dirigisme traditionnel de l’ancienne Chine impériale, plus que dans le léninisme totalitaire de Mao Zedong, l’inspiration pour son modèle de gouvernance. Il ne nie pas pour autant l’importance de sa coopération avec la communauté internationale. Mais le monde – et la Suisse – peut-il se passer pour autant de collaborer avec la Chine?

Le régime autoritaire chinois ne répond pas à nos conceptions politiques, il dirige néanmoins un cinquième de la population mondiale, assurant en peu d’années à une bonne partie de sa population un niveau de vie sans précédent. Nous sommes libres de faire part de nos critiques, et nous devons le faire. Mais ces critiques, pour être recevables et effectives, doivent reposer sur une connaissance fiable de la réalité chinoise. Sa complexité est à la mesure de son immensité. Si l’évolution du régime chinois dans les dernières années a de quoi surprendre et inquiéter, on ne saurait récuser en bloc l’ensemble des réformes introduites sous l’égide de Xi Jinping.

Qu’on le veuille ou non, la Chine, avec ses forces et ses faiblesses, fait maintenant partie de notre monde et rien ne nous serait plus préjudiciable dans les années à venir que de vivre une nouvelle «guerre froide» sous le couvert d’une prétendue rivalité Chine-Occident.

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