Albert Cohen, sa mère, la vie
Angélique Eggenschwiler
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Le mot de la fin » Dieu merci, les pécheurs vivants deviennent vite des morts offensés. C’est ce que chuchote Albert Cohen à l’oreille d’un fantôme dans Le livre de ma mère, paru en 1954. Le fantôme de sa mère, cette mère universelle qui mouche sans dégoût et aime sans condition. La sienne l’aimait peut-être trop. Et lui pas assez. «Ma mère est morte», dit-il. La voilà vengée.
Il raconte les veillées silencieuses au chevet de l’enfant malade et plein de réglisse. Il dit son chapeau de travers, ridiculement petit sur sa tête ronde, il dit la rondeur des mamans qui vieillissent et s’affament lorsqu’elles retrouvent leur fils sur un quai de gare pour cueillir un compliment sur leurs lèvres tendrement hypocrites.
Seulement «les fils ne savent pas que leurs mères sont mortelles