C’est l’heure de partir en Russie
Michaël Perruchoud
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Le mot de la fin
Il est passé 22 heures quand je traverse le couloir, et que je surprends comme un mouvement du côté de ma fille cadette. Je passe la tête. Elle est assise sur son lit, fait comme si elle ne me voyait pas.
Même de nuit, je sais reconnaître ses airs boudeurs. «Tu ne dors pas encore?» Pas de réponse, j’avance d’un pas et je chuchote: «Il est tard, chérie. Tu as l’école demain.» «Je m’en fiche!» Suit un silence qui me permet de méditer sur sa qualité de repartie et de me réjouir, déjà, de son adolescence.
Comme je ne bouge plus, elle reprend, la voix renfrognée: «De toute façon, j’attends que vous dormiez tous, et je m’en vais pour toujours!» «Rien que ça, et pourquoi?» «Parce que je ne supporte plus cette maison où tout le monde me gronde tout le temps!» «Si tu parles de tout à l’heure, reconnais que tu avais fait une bêtise…» «Parce que tu trouves que c’est normal de se faire gronder pour toutes les bêtises qu’on fait? Moi, je dis que ce n’est pas une vie!