Candice était trop candide pour eux

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Cela s’est passé il y a quelques jours sur TF1, aux alentours de vingt-deux heures cinquante-trois, une jeune femme a découvert le visage de la cruauté humaine.

Vous ne le saviez peut-être pas mais la cruauté humaine est blonde, elle est agricultrice et participe à la vingt-deuxième saison de Koh-Lanta.

Koh-Lanta, pour ceux qui auraient passé les vingt dernières années au fond d’un bunker de survie (vous êtes sortis un poil trop tôt si je peux me permettre), ce sont deux équipes de bras cassés qui jouent les équilibristes sur des bouts de bois quand ils ne s’engueulent pas sur la cuisson du riz.

Inutile de savoir différencier le manioc du géranium pour faire partie du casting, il suffit d’un postérieur aussi rebondi que votre ego pour jouer les aventuriers du dimanche. L’ennui c’est que la vanité n’est pas le meilleur des combustibles quand il s’agit de faire un feu au milieu du Pacifique.

Chaque semaine, une équipe élimine l'un de ses membres en votant à bulletin secret. Evidemment, si tout le monde s’adorait la veille encore, arrivés au conseil, les candidats se détestent cordialement.

Et là au milieu, vous avez Candice, vingt-cinq ans de gentillesse et de confiance aveugle en son prochain. Une instructrice de survie qui a eu la candeur (un comble non?) de penser que son expérience lui servirait dans un jeu de survie.

Alors évidemment, elle se débrouille sur le camp, elle se débrouille même un peu trop au goût de ses coéquipiers qui cancanent en suçant rageusement les noix de coco qu’elle leur décalotte dans la bonne humeur et l’abnégation.

Sentant ses jours comptés dans le jeu, la jeune femme rapporte un collier d’immunité entre deux corbeilles de poisson frais. Un collier d’immunité? Le Graal pour un aventurier de Koh-Lanta si vous préférez. Il n’a pas recueilli le sang du Christ mais vous permet malgré tout de sauver vos fesses le temps d’un épisode si vous le sortez avant le dépouillement des votes. Si vous ratez le tir, ce n’est plus qu’un tas de coquillages assez moche qui fera désordre sur la table du salon.

Je vous épargne les messes basses qui accueillent la découverte de Candice. On (la blonde agricultrice) finit par la convaincre que tout le monde l’adore et qu’elle aurait tout intérêt à ménager son joker pour un vote ultérieur. Elle y croit. Parce qu’elle a envie, parce qu’elle a besoin d’y croire.

Le pacte de non-agression est scellé par une grosse séance de câlins devant laquelle s’étran-glent six millions de téléspectateurs qui n’ont vraisemblablement rien de mieux à faire de leur vendredi soir.

Quatre minutes plus tard, Denis Brogniart annonce le verdict à la brave Candice qui enfile son sac à dos en larmes, en miettes. C’était il y a quelques jours sur TF1 aux alentours de vingt-deux heures cinquante-trois, une jeune femme a découvert le visage de la cruauté humaine. Et franchement, ce n’était pas beau à voir.