La beauté antique du pique-nique
nina pellegrino
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Le mot de la fin
C’est une habitude de pâtre antique, ça. Emporter sa boustifaille sur les hauteurs, s’accroupir sous un caillou pour casser la croûte auprès du troupeau, loin des hommes. Ah, le pique-nique! On est mieux placés que quiconque pour en parler, nous les héritiers de l’alpage, les connaisseurs de viande séchée, de pain de seigle, nous qui mettons de l’Aromat sur nos œufs durs et de la moutarde sur le salami.
Dire que les bourgeois du XVIIe se sont mis à trouver ça romantique, de picorer comme un bohémien. Allez parler de déjeuner sur l’herbe à l’ouvrier contraint d’avaler son sandwich entre deux courroies. Et oui, le pique-nique se pratique pour la beauté du geste, même si on n’est pas laboureurs, ni chasseurs, ni Touareg. On a le goût de fuir la salle à manger, de nomadiser notre petit menu.
Quand on a huit ans et qu’on le tire du sac à dos pour la promenade d’automne, le pique-nique est le plus précis des indicateurs sociaux. Ça établit tout de suite une hi