Le petit rescapé du champ de maïs
Angélique Eggenschwiler
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Le mot de la fin
La première fois que je l’ai vu il mourait de faim à l’orée d’un champ de maïs, à plusieurs kilomètres, une autoroute et quelques années-lumière d’une gamelle de croquettes.
Il s’est laissé approcher. Difficile de distinguer ses yeux sous la boue, la gale et le désespoir. Cinq secondes plus tard, il détalait dans le champ poursuivi par deux chiens à l’air aussi corniaud que décidé à croquer du petit chat au goûter. J’ai couru, appelé, crié avant de repartir la mort dans l’âme, imaginant l’agonie du pauvre chaton entre les babines d’un cocker anglais.
J’y retourne le lendemain avec deux friandises au poulet et de l’espoir au compte-gouttes. Quand j’aperçois sa frêle silhouette roulée en boule au même endroit, je crois rêver.
J’approche doucement, déballe mes bonbons et lui tends des petits bouts qu’il s’empresse d’engloutir. Alors petit gars, on s’est perdu? Il est affamé. Tellement qu’il finit par s’approcher, cueille les morceaux à même mes phalan