Le temps des facteurs bienheureux
michaël perruchoud
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Le mot de la fin
Mon père était un facteur heureux. Il sifflait sur son vélomoteur et tutoyait presque tous les clients de sa tournée. Quand j’étais bambin, il me posait parfois le samedi matin dans sa remorque. Il n’avait pas le droit. Mais en ce temps-là on pouvait encore faire des choses sans en avoir le droit.
Mon père glissait des lettres dans des boîtes, distribuait des colis, entrait boire un café, parlait du beau temps. Et je recevais des tas de sirops.
Facteur était alors un beau métier. Et la plupart des collègues de mon père étaient aussi heureux que lui. Certains pellaient la neige dans le jardin des vieilles dames, d’autres lisaient aux retraités la lettre qu’ils devaient signer. Ils faisaient partie de la vie du village, du quartier en ville, de la communauté.
Le monde a décidé que des proc