La Liberté

Saint Liebherr et saint Koeman

«Bienvenue au club!» • Pour voir briller la première équipe de Bulle, comme dit l’ami Marcel, il faut aller à Southampton. Et regarder les joueurs chers à Katharina Liebherr... 

Ronald Koeman, Katharina Liebherr et Ralph Krueger lors de l'inauguration du le Pavillon Markus Liebherr. © DR
Ronald Koeman, Katharina Liebherr et Ralph Krueger lors de l'inauguration du le Pavillon Markus Liebherr. © DR

Pascal Bertschy

Publié le 12.11.2014

Temps de lecture estimé : 4 minutes

Si j'étais assez riche pour m’offrir un club professionnel de foot ou de hockey, j’en achèterais un qui est mal en point et tacherais d'en faire un club heureux. Aussi heureux que Southampton en Angleterre. 

D'ailleurs, si vous voulez voir un club fribourgeois pratiquer un foot enthousiasmant, il faut aller au St Mary's Stadium (32 689 places). Et suivre le Southampton FC, propriété de Katharina Liebherr, héritière de la famille gruérienne qui a bâti son empire dans les engins de construction. 

Devant l’actuel parcours des Saints de Ronald Koeman, qui sont deuxièmes de la Premier League, on se frotte les yeux. L’été dernier, pourtant, Southampton s’était fait piller.

Lambert, Lovren, Lallana, Chambers et Shaw, ses cinq meilleurs éléments, sont partis dans des grands clubs.

Aujourd’hui, sur le terrain, ça ne se voit pas.

L'outsider qui fait mieux que ManU ou Arsenal 

Southampton est la seule équipe qui a réussi à suivre le rythme de Chelsea, jusque-là, tandis que les rutilantes Rolls d’Arsenal, des deux Manchester et de Liverpool sont plus ou moins larguées. 

Southampton joue bien et joue juste. Quelle santé! Jeu athlétique, simple et direct d’une équipe qui ne doute de rien et ose tout, y compris les carnages (voir son récent 8-0 contre Sunderland). 

Au fait, connaissez-vous ses joueurs? Si vous êtes normalement constitué, vous ne pouvez pas en citer un seul. Normal: aucune star, juste quelques merveilles comme l’attaquant Pellè et le demi Tadic. Le mousquetaire français Shneiderlin n’est pas mal non plus.

L’ancien roi du coup-franc-qui-tue 

Mais le seul type connu à Southamption, c’est l’entraîneur: Ronald Koeman. Le gros Koeman, oui, ancien roi du coup-franc-qui-tue au Barça et ex-poseur de semelles de l’Ajax, du PSV et des Pays-Bas. 

Vu ce qu’il réalise depuis quelques mois à la tête des Saints, la presse anglaise l’a surnommé le Saint. Comme Simon Templar qui était le héros, avec sa fameuse auréole, d’une série télé d’il y a cent cinquante ans. 

Saint Markus à jamais vénéré par les fidèles

Le saint des Saints, à St Mary's, reste cependant Markus Liebherr. C’est-à-dire l’homme d’affaires bullois qui a repris Southampton en 2009, alors que le club se trouvait en troisième division et en pleine déroute financière. 

Avec lui, là-bas, on s'est remis très vite à croire au ciel. Markus Liebherr est devenu le sauveur que vénère désormais, dans le Sud de l’Angleterre, tout un joyeux peuple de foot.  

Saint Markus étant décédé à Bulle en août 2010, c’est sa fille Katharina qui a repris le club. Elle y a fait venir depuis Ralph Krueger, l’ancien coach de l’équipe de Suisse de hockey, qu'elle a nommé président exécutif. Et roule ma poule! 

Un centre de formation renversant

Le Southampton FC vient d’inaugurer le Pavillon Markus Liebherr, qui lui sert à la fois de camp de base et de centre de formation. Ce palace, doté d’un équipement extraordinaire, a coûté 46 millions de francs et a des allures de pari sur l'avenir. Comme quoi dans le club qui a révélé Walcott, Bale, Oxlade-Chamberlain et tant d'autres, le joli mot de formation garde tout son sens.

On parle toujours des grands clubs, Barça, Bayern, ManU, etc. On ne pense pas assez aux clubs heureux, comme Moenchengladbach en Allemagne et Southampton en Angleterre. Ceux qui ne posséderont jamais les moyens du Real mais, à défaut, ont une philosophie. Des trésors de calme et de sagesse, une façon de croire en leur bonne étoile, et quelque chose qui ressemble à une âme. 

Le club de jour plutôt que le night-club

Si j’étais richissime, jamais je ne me payerais un grand club. Trop d’argent et trop de standing rendent la vie monotone. Il y a les transferts records, la facilité dans tous les coins, l'ennui qui s'installe, et bientôt le désœuvrement qui pousse à des folies sans nom.

Tout y brille comme l’enseigne d’une boîte de nuit mais, certains petits matins, cela laisse un sentiment de vide. Le sport passe rarement par des résultats immédiats, il a besoin de jeunesse, de patience, d’audace, de créativité, de clubs archiproches de leur terroir. 

Bref, plutôt qu’un night-club, je m’offrirais un club de jour. Le genre Southampton. Mais, avant de me lancer, je me poserais quand même la question: par quoi commencer, dans mon chantier, pour faire aussi bien que les Liebherr chez les Saints?

Sur ce, amis lecteurs, je vous abandonne quelques semaines. Pas que je veuille devenir riche, non, c’est juste que j’ai un voyage sur le feu.

 

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