Dans la cour des grands
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Sortie des écoles, 11 h 30. Hauts comme trois pommes, ils déboulent comme des ouragans dans le bar où travaille Virginie. C’est elle qui raconte la scène. «Bonjour!» fait le plus entreprenant des deux en s’arrêtant net devant elle. «Bonjour, ça va les garçons?» Ils répondent oui, puis un silence s’installe. Elle leur propose un petit sirop, ce à quoi ils rétorquent, un peu dépités, qu’ils n’ont pas d’argent. «Les sirops, c’est gratuit», leur dit la serveuse, «mais c’est presque midi, on vous attend à la maison pour manger, non?» Les garçons se concertent du regard et le plus hardi prend l’initiative: «Allez! On en prend vite un petit!» lance-t-il avec assurance en escaladant aussitôt le tabouret. Les voilà au comptoir, entre deux clients qui cachent discrètement un sourire. Ils avalent leur sirop à toute vitesse, jettent des regards en coin, puis se lèvent pour partir. Sur le seuil de la porte, le petit bonhomme se retourne et, d’un geste ample, lance un «Au revoir!» à la cantonade.