Des crêpes salées aux larmes
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Pause de midi, dans un restaurant fribourgeois. Plongé dans un débat animé, mon interlocuteur s’emballe, s’agite. Mais le voici qui hésite, fourchette suspendue en l’air. Il est pris d’un étrange accès d’émotion, l’œil brillant derrière ses lunettes à large monture. Près de nous, la serveuse n’en mène pas plus large, clignant d’un air éploré. Un bref tour d’horizon me confirme que la crise lacrymale semble avoir gagné l’entier de la salle. Mon amour inconditionnel des crêpes aurait-il fait des émules, les sens tous chamboulés? Mes yeux qui s’embrasent à leur tour comme si on y distillait le fiel d’un jus de citron me suggèrent cependant un tout autre scénario. Un agent chimique sévirait-il dans l’établissement? Prise d’une pointe d’angoisse, je questionne discrètement la serveuse. La réponse est à chercher dans les cuisines, me confie-t-elle. Et au lieu d’un coupable, des victimes: un collectif d’oignons, qui, passé au fil du couteau, se venge de son sort sur ses bourreaux… NR