Les virtuoses des Grand-Places
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C’est un immeuble sans grâce qui me gâche la vue depuis bientôt dix ans. Un rectangle sable qui bouffe mon ciel comme le Sahara étouffe la mer. Avec ses petits copains, il s’élève entre ma chambre et les beautés de la Vieille-Ville, de la Sarine, du Schoenberg. Notez que je ne regrette que les deux premières. Lorsque je tourne le regard vers la fenêtre, paf, c’est lui que je prends dans la face. Dans mon entourage, il s’en est trouvé qui, ayant fait quelques études d’architecture, ont prétendu que j’avais de la chance. Il faut dire que je suis cernée. De l’autre côté, mon appartement donne sur le chef-d’œuvre local commis par Mario Botta. On devrait choisir son entourage avec plus de goût. Mais voilà, voudrait-on le raser que je m’enchaînerais au NH Hotel (eh oui, c’est de lui que je parle). Vous ne comprenez pas? Chaque matin de printemps, fermez les yeux, ouvrez vos oreilles. Vous entendez? Cette triste construction est la demeure de virtuoses qui me sont chers. Des martinets. AM