Mon beau-père était un grand pêcheur. Enfin, un pêcheur enthousiaste. Sa canne mesurait deux fois sa taille et sa prise se résumait habituellement à quelques gardons. Il pêchait dans un lac artificiel créé par les excavations d’une centrale nucléaire, non loin d’Avignon, dans cette vallée du Rhône connue pour ses coups de mistral. Par un tel temps, en plein été, mon beau-père gare sa voiture toute neuve en bordure du lac, hayon arrière relevé, et s’en va, insouciant, s’adonner à sa passion. Mais le vent s’engouffrant dans la voiture la pousse gentiment vers l’eau. Quand mon beau-père s’en aperçoit, elle est déjà en train de se noyer en glougloutant. Du haut de ses 1m65, le pêcheur court à sa rescousse, s’accroche au pare-choc arrière et tente de la retenir. Lorsqu’il a de l’eau jusqu’au cou, il lâche prise – il ne sait pas nager! Arrive le tracteur des secours, qui sort le véhicule aplati par les roches du chantier. Son propriétaire s’écrie alors, éploré: «Attention, vous allez l’ab