La Liberté

Des images pour faire corps

Les Journées photographiques de Bienne se tiennent jusqu’au 28 mai, en 20 expos dans 12 lieux

Publié le 10.05.2023

Temps de lecture estimé : 4 minutes

Photographie » Les Journées photographiques de Bienne invitent le public à s’interroger «sur sa relation au monde physique, vivant, virtuel ou fantasmé» jusqu’au 28 mai. Les visiteurs pourront découvrir 21 artistes au fil des 20 expos dans 12 lieux de la ville.

Edition après édition, les Journées photographiques de Bienne tentent de décrypter les enjeux contemporains. Après le thème de la rupture en 2021 et celui de la réparation en 2022 (peu après le début de la guerre en Ukraine), Sarah Girard, la directrice des Journées photographiques, a choisi cette année Physicalities (Physiques). Le monde se digitalise de manière très forte, explique-t-elle. Dans cet environnement de plus en plus fonctionnel, que se passe-t-il au niveau du corps? Comment la relation se développe-t-elle entre le digital et le vivant? Comment cohabitent-ils?

En fréquentant les festivals et les galeries, Sarah Girard a pu rassembler les travaux de photographes qui travaillent sur ces enjeux et en solliciter d’autres. La responsable a par exemple interpellé le photographe belge Bertrand Cavalier, occupé par le lien entre l’individu et l’architecture moderniste, pour l’inciter à aborder aussi le corps.

Une moitié de Suisses

La curatrice à la tête du rendez-vous photographique biennois depuis 2018 propose aussi des travaux collaboratifs, réalisés avec d’autres institutions comme l’Ecole d’arts visuels Berne-Bienne. C’est également le cas avec Photoforum ou Espace libre, qui donnent carte blanche à des artistes en fonction de la thématique définie par Sarah Girard.

La moitié des artistes retenus pour cette édition viennent de Suisse. Parmi eux le Biennois Lucas Dubuis dévoile un travail documentaire sur un paysan également croque-mort aux Breuleux (JU). L’artiste genevois Florian Bach présente sa première installation photographique. Il a pour cela utilisé des négatifs qu’il gardait dans ses tiroirs depuis début 2003 sur un centre de migrants à Calais, en France, évacué du jour au lendemain. Sarah Girard cite encore l’artiste fribourgeois Olivier Suter, dont un autre travail avait été retenu au dernier Vevey Images. A Bienne il présente Lectures où l’on verra des enfants qui lisent des livres marquants pour la pensée occidentale, comme Le deuxième sexe de Simone de Beauvoir. La Bibliothèque de Bienne en profite pour proposer des podcasts permettant d’écouter des fragments de ces ouvrages.

La curatrice a encore retenu deux photographes bernois, Rebekka Friedli et Beat Schweizer, ainsi qu’une Zurichoise, Sabina Boesch. Cette dernière s’est concentrée, avec Hoselupf, sur les combats de lutte sportive entre femmes, autorisés depuis le début des années 80.

Les autres photographes exposés viennent d’Europe comme la Polonaise Marta Zgierska, qui collabore avec la galerie Gowen Contemporary de Genève. Pas d’artistes tessinois en revanche pour cette édition, mais deux photographes italiens: Pierfrancesco Celada et Salvatore Vitale, invité par le Photoforum.

Dans l’espace public

Le Festival a encore une présence dans la rue, sur les façades des bâtiments, dans la cour de la Maison Farel ou dans le jardin du Nouveau Musée. Depuis 2019, Sarah Girard a renforcé la visibilité de l’image dans l’espace public, de manière à toucher un public différent de celui qui fréquente les galeries. «Cela permet aussi de faire une expérience physique de l’image loin de celles que l’on scrolle sur nos téléphones portables ou nos écrans, ce qui rejoint le thème de cette édition.» A l’omniprésence de l’image dans la vie quotidienne, elle oppose le travail des artistes photographes, qui utilisent l’image et le médium photographique comme un moyen de recherche. Pierfrancesco Celada revient par exemple sur les images sur Instagram et les mèmes.

Bienne se distingue des nombreux autres festivals consacrés à l’image, comme Vevey Images ou Arles, en mettant l’accent sur la photographie émergente: la ville bilingue, qui attire autant un public romand qu’alémanique, privilégie les photographes qui sortent des écoles d’art ou qui présentent des travaux inédits. ATS avec AL

> Journées photographiques de Bienne, jusqu’au 28 mai.

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