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Eugène Burnand revient à la lumière

Le peintre décédé il y a 100 ans est à l’honneur toute l’année à Moudon grâce à plusieurs événements

Des portraits de soldats alliés de la Première Guerre mondiale réalisés par Eugène Burnand. Alain Wicht-archives
Des portraits de soldats alliés de la Première Guerre mondiale réalisés par Eugène Burnand. Alain Wicht-archives
Publié le 10.02.2021

Temps de lecture estimé : 4 minutes

Art » Décédé il y a 100 ans à Paris, le 4 février 1921, Eugène Burnand sera à l’honneur tout au long de l’année dans sa ville natale de Moudon. L’occasion de remettre en lumière un artiste majeur de son époque, mais qui souffre aujourd’hui d’une certaine méconnaissance. «Il a été un peu oublié alors que, de son vivant, il jouissait d’une renommée internationale», constate Maude Tissot, historienne de l’art et membre du conseil de fondation du Musée Burnand, contactée par Keystone-ATS.

Figure de l’art naturaliste au tournant du XIXe siècle, célèbre pour ses paysages campagnards et ses scènes religieuses, le Moudonnois occupait «une place très importante» en Suisse et à Paris, où il s’était installé dès 1872. «Il était l’un des rares peintres de l’époque à pouvoir vivre de son art», ajoute Mme Tissot.

Concerts et balades

Eugène Burnand est toutefois tombé en disgrâce à la fin de sa vie, dépassé par de nouveaux courants artistiques. Au contraire par exemple de son «rival» Ferdinand Hodler, considéré lui comme un peintre de la modernité, et qui n’a jamais perdu de son prestige malgré les années.

«Il mérite un retour en grâce car il n’est pas considéré à sa juste valeur», affirme Pierre-André Marti, président de la fondation du Musée Burnand. Le centenaire de sa disparition et les festivités qui y sont associées visent justement à «le remettre en lumière», dit-il.

L’hommage a commencé par la parution d’un dossier dans le numéro de février de Passé simple, le mensuel romand d’histoire. Puis, dès le mois de mai, deux expositions viendront enrichir le Musée Burnand à Moudon: l’une montrera des photographies en lien avec l’œuvre du peintre, l’autre s’intéressera à son histoire familiale.

A la belle saison également, l’Office du tourisme organisera des balades dans la région sur les thèmes et la vie de l’enfant du pays. La commémoration sera aussi musicale à Moudon ce printemps et cet automne: deux concerts sont prévus dans l’église Saint-Etienne avec des œuvres en lien avec Eugène Burnand.

Ailleurs dans le canton de Vaud, la Maison du dessin de presse à Morges présentera en octobre des dessins satiriques inspirés de l’œuvre du peintre, réalisés en collaboration avec l’hebdomadaire Vigousse.

Incertitudes pour le musée

Ces différentes manifestations doivent aussi donner un coup de projecteur au Musée Burnand. «En Suisse romande, Eugène Burnand est le seul peintre à posséder son propre musée», souligne Maude Tissot. L’institution basée sur les hauts de Moudon est toutefois en sursis: le propriétaire de l’édifice qui l’abrite, l’Etat de Vaud, a émis le souhait de vendre ce bâtiment.

«Les discussions entre le canton et la commune se poursuivent», note Pierre-André Marti. Il explique ne pas pouvoir en dire plus pour le moment, mais révèle toutefois que le projet de déplacer le musée en Basse-Ville a été abandonné. «L’objectif consiste toujours à rester en haut et à développer des collaborations avec le musée voisin du Vieux-Moudon», ajoute-t-il.

«Trois joyaux»

Bien que toujours dans le flou sur son avenir, le petit musée moudonnois a continué d’acquérir des tableaux ces dernières années, comme Le Jardin des Tuileries, la première toile parisienne de sa collection. En revanche, il a vu partir en 2019 trois œuvres, prêtées de longue date, au nouveau Musée cantonal des beaux-arts (MCBA) de Lausanne.

«C’est un regret, nous aurions préféré qu’elles restent chez nous», admet M. Marti. Il reconnaît toutefois que l’espace à disposition au MCBA permet une meilleure mise en valeur de ces peintures. C’est le cas de La Fuite de Charles le Téméraire, immense tableau de 3,20 sur 5,40 mètres. Taureau dans les Alpes, une autre de ses toiles les plus célèbres, et La Prière sacerdotale ont aussi rejoint Lausanne. «C’est un sentiment partagé. Les conditions de visibilité et de conservation sont meilleures à Lausanne, mais Moudon a quand même perdu trois joyaux», estime Maude Tissot.

Elle se réjouit toutefois que le Musée Burnand ait pu conserver d’autres œuvres phares, à commencer par Le Labour dans le Jorat. «Selon moi, c’est sa toile la plus emblématique. Elle témoigne d’une époque», affirme-t-elle. Un avis partagé par Pierre-André Marti: «Il s’agit de son tableau le plus populaire, celui qui incarne le mieux le milieu paysan de son temps.» ATS

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