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Graver pour survivre

A l’heure où l’on peut se sentir enfermé, l’historienne de l’art Lucienne Peiry consacre un livre à Nannetti, qui a connu les asiles à la pelle

Un extrait des écrits gravés de Fernando Nannetti. © Pier Nello Manoni
Un extrait des écrits gravés de Fernando Nannetti. © Pier Nello Manoni
Graver pour survivre
Graver pour survivre

Aurélie Lebreau

Publié le 11.04.2020

Temps de lecture estimé : 3 minutes

Art brut » C’est un journal intime livré aux yeux de tous. Gravé avec une petite boucle de ceinture sur un mur long de 70 mètres, comme un acte éperdu de survie. Fernando Oreste Nannetti (1927-1994), dit Nannetti, mettait à profit l’heure de promenade quotidienne dans son asile carcéral de Volterra en Toscane pour rédiger son histoire. A même le mur hospitalier. Elaboré entre 1959 et 1973, ce texte poétique composé de mots rappelant les hiéroglyphes ou l’alphabet étrusque, de lignes montantes et dansantes, de lettres subitement inversées, est aujourd’hui en train de disparaître, effacé par le vent et la pluie, au milieu d’un vaste site psychiatrique abandonné. L’historienne de l’art Lucienne Peiry l’a visité pour la première fois en 2003 et y est depuis retournée sept fois. Elle vient de publier Le livre de pierre, retraçant la vie de Nannetti, un pauvre type déserté par la chance et passé de foyers en institutions, d’institutions en asiles et que le confinement n’a pas brisé.

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