Ombres aux tableaux
La Fondation de l’Hermitage tourne le dos au soleil estival pour traverser l’histoire de l’art en infinies nuances de gris. Une ode au clair-obscur
Thierry Raboud
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Lausanne » Poings levés, un homme boxe sa silhouette. A main levée, un dessinateur tente de saisir le fragment de nuit que le contre-jour étale sur son papier blanc. Insaisissable et mouvante, l’ombre est ce double de cendre offert par la lumière, point aveugle que la Fondation de l’Hermitage à Lausanne éclaire dans sa nouvelle exposition.
«L’ombre a été négligée dans l’histoire de l’art occidental, alors que la peinture y trouve symboliquement son origine», s’étonne Victor Stoichita en citant l’Histoire naturelle de Pline l’Ancien. Et le professeur à l’Université de Fribourg, cocomissaire de l’exposition, de dérouler ce récit emblématique qui voit la naissance de l’art pictural dans le profil qu’une jeune Corinthienne esquisse au mur en suivant l’ombre portée de son amant. D’autres formes allégoriques dansent aux murs de la caverne platonicienne, mais rares furent les peintres à en proposer une figuration convaincante. «Ce n’est qu’à la Renaissance que l’ombre éveille à nou