Sophie Calle, l’art à l’œil
Au Kunstmuseum de Thoune, cette inclassable raconteuse d’histoires suit du regard ceux qui voient pour la première fois, ou plus du tout
Thierry Raboud
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Exposition » Tout commence par une filature. «Je suivais des inconnus dans la rue. Pour le plaisir de les suivre et non parce qu’ils m’intéressaient.» En janvier 1980, Sophie Calle piste un homme à Paris, perd sa trace et la retrouve à Venise. Méthodique puis erratique, elle l’espère, le repère, le poursuit, le photographie discrètement. Jusqu’à ce qu’il se retourne, la dévisage, reconnaisse ses yeux. Et que tout s’arrête.
En associant le journal de cette traque impulsive à une cinquantaine de photos volées, l’artiste signe sa première pièce, Suite vénitienne. Prélude à tant d’autres qui, par leur manière narrative d’adosser l’art à la vie, la propulseront rapidement sur l’avant-scène de l’art contemporain international.
En Suisse, rares ont été les occasions d’apercevoir son œuvre inclassable, hormis en librairie où paraissent des livres soignés qui la prolongent, la cristallisent ou en tiennent lieu. On ne manquera donc pas l’exposition rétrospective du Kunstmuseum d