C'est Baudelaire qu'on dépoussière
Le poète est né il y a tout juste 200 ans. Dessinateur culte de la série Sambre, Yslaire lui consacre un somptueux album où rayonne, entre voluté et blasphème, spleen et idéal, sa muse mystérieuse. Interview.
Thierry Raboud
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Il fallait qu’Yslaire, enfin, s’attaque à Baudelaire. Qui d’autre mieux que ce dessinateur belge aux beautés bizarres pour saisir le sulfureux prince des nuées? Lui, maître de la ligne sombre dont les pinceaux trempés de ténèbres et d’écarlate ont vu naître les générations de Sambre, saga culte au romantisme ardent. Lui, rongé de spleen et d’idéal, pour dépoussiérer la statue du dandy paradoxal.
Du somptueux album qu’il publiera le 23 avril prochain, il avait déjà esquissé les contours dans trois cahiers préparatoires ces derniers mois, comme autant d’avertissements au lecteur. Voici enfin ce fort volume: «biographie dramatisée» qui traverse la vie du maudit rebelle, hallucine en ses paradis artificiels, exacerbe ses effroyables fulgurances, ses extases monstrueuses en visions violacées où palpite la chair, entre volupté et blasphème.
Relisant Les Fleurs du mal, il en noue la gerbe