Anna Jouy » Et Dieu créa la femme. Puis le serpent, la pomme, les ennuis. Vues par Anna Jouy, Eve et toutes ses descendantes ont payé leur damnation de l’Eden au prix fort, avec intérêts compensatoires et tout le toutim. Dans son roman Filière de femmes, l’auteure, qui a étudié la littérature française à l’Université de Fribourg, cherche un secret, remonte un arbre généalogique en s’arrêtant sur les portraits féminins, sur ces oubliées de l’histoire. Elle dit les créatures soumises, violées, maltraitées, infertiles. De la souffrance par sacs, de la résignation engluée dans la terre, des ténèbres par brouettes, peu de lumière au bout du tunnel, parfois une minuscule loupiote au mieux. C’est une réunion de famille façon Festen, ne servant que des mauvaises nouvelles aux invités. La racine du mal? Du mâle, peut-être, puisque les hommes rencontrés au détour de ces phrases sombres sont à peu près tous des êtres immondes.

Le livre court, au style incisif, cherche le secret des ori