Récit » Il récidive, Daniel Maggetti. «On frise même le procédé», en convient-il, complétant d’un nouveau portrait la fresque tessinoise qu’il reconstitue depuis une poignée d’ouvrages avec tant de précision que d’imagination. Car l’histoire est aussi lacunaire que la mémoire, alors il faut combler les béances par la fiction, réinventer la chair humaine derrière le tissu troué des dates et des documents, jusqu’à faire ressurgir l’âpre réalité dans ces confins alpins en proie à la pauvreté.

Ici, c’est la grand-mère Melanía, morte cinq mois avant la naissance de l’écrivain, qui devient personnage et revit en conjectures biographiques déployées à partir de rares photographies, d’archives paroissiales, du souvenir de racontars familiaux. L’auteur se fait enquêteur, versant ses pièces au dossier comme autant de fragments d’une vie possible que le fil de son écriture, ample et infusée de dialecte, vient nouer. Si le tortueux branchage de l’arbre généalogique égare quelque peu le l