Ecrire en vaut la peine
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Arno Bertina » Le dernier livre d’Arno Bertina est une épreuve: il nous plonge dans le quotidien de jeunes prostituées congolaises, souvent mineures, qu’il a lui-même côtoyées lors d’un séjour humanitaire à Pointe-Noire. Il raconte les vies brisées de ces filles violentées et livrées à elles-mêmes, sans attaches familiales. Un sujet douloureux, voire crucifiant. Mais c’est le prix à payer pour un livre subtil, réfléchi et poignant; pour un livre qui en vaut la peine – l’expression n’a jamais sonné aussi juste.
Bertina s’efforce, avec tact, de «n’être qu’une oreille»: écouter, s’effacer, et comprendre sont les mots d’ordre de son œuvre, ponctuée d’écrits rédigés par les prostituées elles-mêmes. L’acte d’écrire, pour elles, est loin d’être anodin: il «écarte la honte», leur permet de renouer avec leur propre histoire, de réinvestir les mots qu’on leur assigne. L’auteur se met à la hauteur de ces adolescentes, accepte leur altérité. Mais comment rendre compte de leur existence,