Le Jura poétique et corrosif
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Un ouvrage d’orfèvre
L’ouvrage est trop court - c’est un pur régal, on en redemande - mais le talent est vaste. Dans Crevures, Stéphane Montavon se replonge dans le Jura de sa jeunesse en revisitant des mots tracés vingt ans plus tôt. Le voyage ne ressemble en rien à une virée avec les Bisounours, où les voitures nuages font halte pour assurer les aventures de Groscâlin dans un bonheur total. En une trentaine de textes burinés par la poésie, l’auteur dépeint des saynètes qui suintent l’alcool, des ambiances qui poissent. Il distille son style corrosif comme d’autres l’absinthe. Sans modération et avec générosité. Oui, il dit l’enlisement, mais aussi son attachement à la région.
Le travail de Stéphane Montavon sur la langue est plus que remarquable. Il mêle les mots typiquement suisses («schlass», «Sinalco»), un français sophistiqué serti de quelques bribes d’argot et des néologismes époustouflants («piedauplanchons», «susshurle»). Ce deuxième ouvrage de l’auteur, né en 1977 à Delémont et qui vit désormais à Bâle, se picore, se dévore, se déguste. Ce livre de moins de 100 pages s’aborde comme un recueil de poésie, exigeant à la lecture, mais magnifique et entêtant. TB
> Stéphane Montavon, Crevures, Ed. d’Autre part, 99 pp.