Où va la littérature?
Enfin traduit en français, Kenneth Goldsmith est un poète iconoclaste qui redéfinit l’écriture à l’ère numérique. Peut-être en aurait-elle besoin
Thierry Raboud
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Lettres » Mercredi, peu avant 13 heures, le cirque habituel. A l’étage d’un restaurant parisien historiquement guindé, un aréopage lettré élit son meilleur roman de la rentrée pour le gratifier d’un Goncourt. Chaque année, ce barnum médiatique est le point culminant d’une saison de prix qui s’évertue à porter au pinacle des genres littéraires traditionnels. Romans dont les formes «archi-rebattues empêchent les nouveaux écrivains à la fois de se lancer dans l’invention de nouvelles formes d’écriture et d’exprimer la sensibilité contemporaine», dénonçait la semaine passée une tribune du Monde, signée par un collectif de jeunes auteurs. Et si la littérature, recroquevillée sur ses manies séculaires, s’était enlisée dans une ornière?