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Sanguinolent: Un récit littéraire au cœur des abattoirs

Lorrain Voisard chronique un sidérant corps-à-corps dans un abattoir de campagne. Un premier roman de chair et d’acier qui dissèque le cœur de la bête, mais aussi celui de l’homme.

L’écrivain de Saint-Imier signe une plongée dans «l’horreur bizarre» de ce métier. © Claude Haymoz
L’écrivain de Saint-Imier signe une plongée dans «l’horreur bizarre» de ce métier. © Claude Haymoz

Thierry Raboud

Publié le 09.08.2024

Temps de lecture estimé : 4 minutes

La saucisse, avant, était un être vivant. Evidence bête que l’industrie de la viande excelle à faire oublier en mettant sous plastique ses chairs à rôtir, et en déployant force raffinements sémantiques comme gastronomiques pour tenir à distance l’idée du mammifère dont elles proviennent. L’aveuglement est savoureux, confortable.

La littérature, elle, radicalement inconfortable lorsqu’elle confronte à cet impératif ignoré du carnivorisme qu’est l’abattoir. Ainsi de ce premier roman qui, en parlant des hommes qui tuent, force le regard vers celui des porcs usinés. S’il est une éthique du cervelas, elle passe par la lecture de cette chronique d’un carnage.

Trilogie odorante

Publié sous couverture couleur sang coagulé, Au cœur de la bête s’adosse à de nombreuses citations qui l’inscrivent dans un vaste héritage. De fait, ce texte ressortit avant tout à une certaine littérature prolétarienne naturaliste: on pense à La Jungle d’Upton Sinclair qui en 1906 s’immergeait sept semai

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