Mohammed Aïssaoui » Fêlure: le mot est récurrent dans Les funambules. Ces fêlures sont celles que le narrateur, Kateb, identifie chez ses interlocuteurs dans le cadre de son métier: recueilleur de récits de vie. D’une personne à l’autre, il se retrouve aux Restos du Cœur, dont il observe les bénévoles et les personnes accueillies. Il en dessine le portrait. Un bénévole a une rigueur de manager pour masquer un accroc de vie. Une autre, quitte à être mangée par la fonction, a voulu se rendre utile à l’heure de la retraite.

L’auteur Mohammed Aïssaoui révèle la misère des anonymes qui meurent dans les rues de Paris. La douceur des mots et la simplicité des phrases disent sa tendresse pour le bien qui se fait comme pour ceux qui peinent. Dont Bizness, qui se fait payer ses tournées, et le Philosophe, qui connaît Rousseau sur le bout des doigts: tous deux ajoutent un contrepoint léger.

A l’écoute, le recueilleur de récits de vie a sa propre quête, celle de son amour de jeune