Piazzolla, la rage au cœur
Armé du soufflet de son bandonéon, il a dynamité le folklore tango pour inventer de l’inouï. Né il y a cent ans, le compositeur argentin laisse une œuvre impétueuse, toujours moderne
Thierry Raboud
Temps de lecture estimé : 15 minutes
Tango Nuevo » Il aimait pêcher le requin. Et on le voit sur une photo, de retour du large, avec la carcasse d’un squale immense. Pour lui, jouer de la musique n’était pas autre chose: un art sensible et viriliste de dompter le sauvage. «Il faut avoir dans les deux cas une force impressionnante et surtout pas de problèmes de dos!» forfantait Astor Piazzolla dans un documentaire diffusé ce printemps, à l’occasion du centenaire de sa naissance.
Attraper la bête, fût-elle de légende. C’est un peu cela, tenter de redire aujourd’hui l’existence houleuse de ce corsaire du tango, dont la trajectoire à travers un océan d’anecdotes bagarreuses et de mythes révolutionnaires a laissé un sillage profond, inoubliable, singulier. On s’y replonge, aux côtés de ceux que sa musique a soufflés.
Car ce n’est que