La Liberté

Une Histoire du soldat au bout du fil

A voir les marionnettes d’Elsi et Fernand Giauque, créées pour l’œuvre de Ramuz et Stravinsky 

Ce sont les pièces originales qui sont présentées au Musée suisse de la marionnette. © Luca Zanier
Ce sont les pièces originales qui sont présentées au Musée suisse de la marionnette. © Luca Zanier
Publié le 11.10.2018

Temps de lecture estimé : 3 minutes

Fribourg » De nombreuses institutions ont choisi cette année de fêter le centenaire de la fameuse Histoire du soldat de Ramuz et Stravinsky. Une œuvre révolutionnaire pour l’époque, mêlant plusieurs styles musicaux et différentes disciplines, et qui n’a pas pris une ride. Le Musée suisse de la marionnette, à Fribourg, ne fait pas exception à la règle. Il présente dès demain les extraordinaires créations d’Elsi et Fernand Giauque, que le théâtre de marionnettes Festi-Ligerz – un collectif d’artistes et d’artisans fondé par les deux époux – a utilisées en 1931 pour monter ce spectacle.

Ce sont les pièces originales qui sont exposées ici: des copies existent pour les représentations. A Fribourg, on ne les verra pas en action, mais on s’imaginera leurs mouvements en écoutant le spectacle en fond sonore.

Importance patrimoniale

Fernand Giauque, célèbre peintre biennois, s’est chargé de fabriquer les sculptures, tandis que son épouse, Elsi, artiste textile à la renommée internationale, les a peintes et leur a confectionné des vêtements. Si le temps a fendu le bois, a usé quelques parties de ces pièces importantes de notre patrimoine, elles affichent une beauté et un charme intemporels. On admire ainsi le soldat, qui revient chez lui, le diable, qui va lui causer bien des ennuis, ou le chasseur de papillons. Le soin apporté aux accessoires, notamment à ce jeu de cartes avec lequel on entamerait bien une partie, est également minutieux.

Particularité de ces personnages: pour manipuler ces marionnettes à fils, dont les attaches sont fixées sur une seule baguette et non sur un support en forme de croix, plusieurs personnes devaient se tenir dans le castelet.

Puis Ma vie de Courgette

Elsi Giauque avait demandé à Charles-Ferdinand Ramuz l’autorisation d’adapter son œuvre. L’écrivain la lui a donnée dans une charmante lettre que peuvent lire les visiteurs de l’exposition. «Je vous prie de réaliser (vos projets) en toute liberté et sans tenir compte de mon avis, qu’il me serait d’ailleurs difficile de vous donner à distance», écrit le Vaudois.

D’autres documents, photographies, dessins et coupures de journaux permettent de se plonger encore davantage dans cette époque. «Cette pièce est indissociable de Friedrich Dürrenmatt, qui était le narrateur pour cette adaptation», souligne ainsi Monique Jung, du Musée suisse de la marionnette. L’écrivain bernois était en effet ami avec Elsi Giauque, dont il a même peint le portrait. Pour en savoir plus sur ce projet et plus généralement sur le travail des deux créateurs alémaniques, le visiteur pourra consulter un exemplaire du livre consacré à ces artistes par les Editions Clandestin (L’Histoire du soldat, 312 pp.) et qui a servi de base au montage de l’exposition.

Cet accrochage durera jusqu’en mars de l’année prochaine. Mais dès le 23 novembre, elle sera rejointe par une autre exposition temporaire, consacrée au film Ma vie de Courgette ainsi qu’aux créations des frères Guillaume. L’occasion de faire dialoguer le patrimoine ancien et nouveau, de montrer que l’art de la marionnette sait traverser les époques, de rappeler que ces personnages peuvent quitter leur castelet, parfois, pour gagner le grand écran.

> Vernissage ve 18 h Fribourg.

Musée suisse de la marionnette. Jusqu’au 17 mars.

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