«0uf, un titre de l’édition du 7 février apaise un doute: «Les médecins ne sont pas si bien payés.» Ils ne gagnent en moyenne que 199 719 fr.! Que doit se dire celui ou celle qui engrange à peine 40 000 fr. en douze mois de turbin?

Que certains gagnent sensiblement plus que d’autres ne fait problème que dans la mesure où certains ne gagnent pas de quoi assurer à eux-mêmes et aux leurs une vie décente et dans la mesure où ce «plus» crève des plafonds… indécents! Depuis une trentaine d’années, crise ou pas, la seule croissance assurée est celle des inégalités. Voilà le problème aujourd’hui.

Quelques effets de cette involution: poussées de xénophobie, de méfiance entre citoyens et envers les institutions; délinquances et addictions, stress et autres atteintes à la santé. Cela rend séduisantes les pires illusions: de l’autorité, que diable, de la fermeté, des contrôles! Tout cela coûte très cher, mais ça améliore le PIB!

Que cette trop grande inégalité conduise à la mort de la démocratie, comme l’expliquait Montesquieu, personne ou presque n’y trouve rien à redire, charmés qu’on est tous par le mythe du client-roi, dernier avatar du citoyen, au nirvana du marché autorégulé guidé par la main invisible de la libre concurrence… évidemment entre acteurs parfaitement égaux.

Alors, à défaut de remède, dites-moi, docteur, ça prendra beaucoup de temps? – Assurément un certain temps. Ce sera douloureux? – Pas pour tous. Il y aura d’heureux élus qui en tirent déjà et en tireront encore à l’avenir un sacré pactole! Tout dépend du choix personnel.

Et si on cherchait à définir ensemble la croissance que nous voulons?

Pierre-Alain Bossel,

Villars-sur-Glâne