La Liberté

Devoir rentrer dans ce pays, ce serait retourner en enfer

Publié le 24.07.2020

Temps de lecture estimé : 1 minute

J’ai quitté l’Erythrée en 2015, à 17 ans. Là-bas, je n’avais pas d’autre avenir que servir dans l’armée et subir de mauvais traitements, durant toute ma vie.

Après un voyage dangereux avec des connaissances, nous sommes arrivés en Libye. Là-bas, nous n’avions pas assez à manger, ni à boire. Je n’avais pas de quoi payer, alors les passeurs ont téléphoné à ma famille et m’ont torturé en même temps, pour que mes proches envoient de l’argent.

Après deux mois, j’ai pu partir pour l’Italie. Nous étions 500 sur un petit bateau. J’ai eu de la chance d’arriver. Des bateaux ont coulé juste avant et juste après nous.

Je suis arrivé en Suisse en juillet 2016. Je pensais pouvoir apprendre la langue tout de suite, mais j’ai dû attendre deux ans avant de pouvoir suivre des cours de français.

En décembre 2018, j’ai reçu une réponse négative à ma demande d’asile. Je venais alors de commencer les cours d’intégration. Depuis, j’ai fait recours. J’attends.

J’aimerais faire un apprentissage de menuisier et travailler, comme tout le monde. Mais l’absence de permis m’empêche de me projeter dans l’avenir. Je n’arrête pas d’imaginer ce qui se passera si je reçois une deuxième réponse négative.

J’ai peur. Recevoir un deuxième refus, ce serait comme si on détruisait mon avenir. Retourner dans mon pays d’origine est impossible – c’est comme si on me disait de retourner en enfer. Ceux qui prennent de telles décisions le comprennent-ils?

En Erythrée, on te torture, on te met en prison. Ici, c’est mentalement que nous sommes maltraités. Je ne comprends pas pourquoi.

Mussie Teklehaimanot,

Arconciel

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