Dimanche 30 juin dernier. A la sortie de la messe, devant la cathédrale Saint-Nicolas à Fribourg. Je croise Madame T. avec ses deux enfants. Originaire d’Erythrée, cette famille fut accueillie en Suisse et a obtenu une autorisation de séjour sous la forme d’un permis B en 2016. Elle loge dans un appartement de la maison des Chanoines. Je remarque aussitôt la tristesse de cette maman de quatre enfants, en contraste avec le voile blanc dont elle est enrobée, conformément à la tradition de son Eglise.

Elle me raconte. Au retour de la messe, peu avant 11 heures, elle monte dans le bus N^o 2 à Villars-Vert. A l’arrêt Bertigny, une dame entre dans ce même bus. Aussitôt elle arrache violemment de son siège le jeune garçon de cette réfugiée, qui est précipité par terre. Avec les commentaires suivants: «C’est quoi, ces gens-là! Ici c’est notre pays, nom de D… Allez travailler ailleurs.»

Il faut être juste: une autre passagère présente dans le bus a fait remarquer à cette femme en pleine crise de racisme qu’elle devait aussi respecter ces gens-là. Honneur sauvé?

Au-delà des grandes théories et des coups d’éclat répertoriés, il existe, aussi chez nous, un racisme ordinaire, rampant, sournois. Au risque de devenir banal. A chacun de lutter, personnellement et en communauté humaine, contre de tels comportements et paroles, tellement contraires à la solidarité et à la fraternité qui constituent le devoir et l’honneur de notre peuple.