La Liberté

Une tentative de grand écart

Louis Ruffieux

Publié le 12.02.2015

Temps de lecture estimé : 2 minutes

Un an et deux jours après la collision frontale, le Conseil fédéral a présenté hier son plan de réparation. Le choc, c’était entre l’initiative «contre l’immigration de masse», approuvée de justesse, et l’accord sur la libre circulation des personnes passé avec l’Union européenne (UE). Telle que la conçoit Berne, l’application du texte de l’UDC devrait être stricte, tout en ménageant le principe de la libre circulation des Européens. Sans surprise, cette tentative de grand écart ne satisfait presque personne.

L’œuf de Colomb du gouvernement n’est pas de première fraîcheur. Comme le veut l’initiative, voici le retour des contingents de travailleurs étrangers, avec leurs marchandages de souk entre les cantons, les branches professionnelles et l’administration. Régression! Et même si les mesures de limitation prévues préservent pour l’essentiel les bénéficiaires de la libre circulation, on ne voit pas poindre la moindre volonté, côté UE, de renégocier avec la Suisse un réaménagement de l’accord bilatéral. Le Conseil fédéral lui-même n’exclut pas l’impasse totale.

Il reste deux ans pour concrétiser l’initiative. Deux ans pour essayer de dégager l’horizon. Deux ans, espérons-le, qui ne verront pas le problème de l’immigration «de masse» se résoudre de lui-même, en raison du déclin de l’économie.

C’est que la Suisse paie actuellement très cher sa souveraine solitude. Après avoir profité durant plus de trois ans de la stabilité monétaire de la zone euro grâce à l’arrimage du franc à la monnaie communautaire, de multiples entreprises souffrent du récent découplage. A ce changement dont on n’a pas fini de mesurer les conséquences, s’ajoute l’incertitude qui entoure nos futures relations avec le grand marché européen. Ses deux plus gros soucis, la Suisse les doit ainsi à son choix d’une voie solitaire. Il y aurait là, semble-t-il, un thème capital à débattre en vue de l’automne électoral. Mais personne n’ose l’aborder de front, l’Union européenne ayant été décrétée, une fois pour toutes, épouvantail à suffrages.

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