La Liberté

«La durabilité est très importante»

Entrepreneur égyptien, Samih Sawiris, a investi massivement pour relancer la station d’Andermatt

Isolda Agazzi, Swissinfo

Publié le 17.09.2019

Temps de lecture estimé : 3 minutes

Environnement » C’est à Andermatt que la délégation suisse auprès de l’Assemblée parlementaire de l’OSCE (Organisation sur la sécurité et la coopération en Europe) vient d’organiser une conférence sur «Les Nouvelles routes de la soie en tant que moteur des Objectifs de développement durable».

Hôte d’honneur de la conférence, Samih Sawiris est un entrepreneur égyptien qui a investi massivement dans ce village de montagne. Entretien.

Comment vous est venue l’idée d’investir à Andermatt?

Samih Sawiris: Lorsque l’armée est partie, l’économie du village s’est effondrée. Connaissant mon expérience à El Gouna, sur la mer Rouge – où nous avons fait sortir des sables une ville entière –, on m’a invité à Andermatt pour prospecter. Honnêtement, je ne savais même pas où c’était, j’ai dû regarder sur une carte (rires). Mais je suis tombé sous le charme du lieu et j’ai vu son potentiel. J’ai commencé à construire des hôtels, des appartements, un terrain de golf et j’ai relié le domaine skiable à la station de Sedrun.

Les habitants vous ont-ils fait tout de suite confiance?

Au début les gens étaient sceptiques… Ils voyaient un Arabe débarquer, ils pensaient qu’il ne reviendrait pas la semaine suivante. Mais j’ai réussi à gagner la confiance de la population, à montrer que ce que j’avais fait à El Gouna, j’allais le faire ici aussi.

Comment se développe le projet aujourd’hui?

Pour l’instant, nous ne gagnons pas d’argent, mais nous n’en perdons pas non plus. C’est un investissement à long terme. Nous employons environ 900 personnes, même si ce ne sont pas tous de nouveaux emplois, bien sûr.

Dans quels autres pays investissez-vous?

En Egypte, à Oman, au Maroc, en Grande-Bretagne, au Monténégro et aux Emirats arabes unis. Ce sont des investissements à long terme, il faut 10 à 15 ans pour qu’ils soient rentables.

Est-ce différent d’investir dans les pays en développement et en Suisse?

C’est le jour et la nuit (rires)! Dans les autres pays, il y a plus de flexibilité, mais la sécurité qui règne en Suisse vous facilite la vie: vous savez toujours exactement où vous en êtes. Dans d’autres pays, si un ministre change, vous avez une nouvelle atmosphère, si le gouvernement change, vous avez de nouvelles conditions. On y respecte moins ce qui a été convenu. D’une certaine façon, en investissant dans ces pays vous prenez plus de risques, mais vos rendements sont plus élevés et il y a plus de flexibilité.

Avez-vous des critères de durabilité associés à vos projets?

Dans tous mes projets, la durabilité est très importante car elle est synonyme de continuité. Ce sont des projets sur 50 à 70 ans et pour cela je dois prendre soin de l’environnement. Si un endroit où il y a de belles plages devient pollué, plus personne ne va y aller. La durabilité exige que la ville soit habitée et si la vie n’y est pas agréable, les gens s’en vont. Ils ont besoin d’écoles, d’hôpitaux, de lieux de récréation et d’emplois.

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