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Elle sort écœurée du casting de Masterchef 5 à Marseille

Romont La Romontoise Sophie Nicolet était parmi les 300 candidats réduits à 30, mercredi. «Un pseudo-casting», dénonce-t-elle. «Inhumain.»

Sophie Nicolet continuera de suivre Masterchef, mais «d’un autre œil», assure-t-elle. © Vincent Murith
Sophie Nicolet continuera de suivre Masterchef, mais «d’un autre œil», assure-t-elle. © Vincent Murith
«Il faut que les gens le sachent: c'est n'importe quoi!» martèle Sophie Nicolet. © Vincent Murith/La Liberté
«Il faut que les gens le sachent: c'est n'importe quoi!» martèle Sophie Nicolet. © Vincent Murith/La Liberté

Stéphane Sanchez

Publié le 07.03.2015

Temps de lecture estimé : 4 minutes

«J’appelle ça du foutage de gueule!» Sophie Nicolet se souviendra longtemps de sa participation au casting de la saison 5 de Masterchef. La Romontoise de 39 ans, demi-finaliste du championnat romand des cuisiniers amateurs 2014, a fait mardi le déplacement à Marseille. Elle était sélectionnée pour participer mercredi à ce que la société de production Shine France donnait pour le plus grand casting organisé pour une chaîne de télévision française: 300 candidats à l’épreuve, pour 12 élus seulement.

«Nous sommes arrivés sur l’esplanade du MuCEM (le Musée des civilisations de l’Europe et de la Méditerranée, en bord de mer, ndlr) à 6 h 30 du matin. Je fais partie du lot qui est reparti à 18 h 30. Douze heures debout dans un mistral violent et glacial. J’avais les mains violettes en dressant mon plat», témoigne la Romontoise. «A cette époque de l’année, ces conditions météo étaient pourtant prévisibles. Ils auraient pu penser à un plan B. Je sais que l’émission aime les cadres extrêmes, mais là, c’était inhumain!»

D’autant qu’il n’y avait pas un banc ou une chaise pour s’asseoir. Ni de véritable intendance: «J’ai juste eu droit à un café tiède à 14 h et à un sandwich défraîchi à la salade de pommes de terre. Super, pour une émission culinaire», peste Sophie Nicolet. Les chefs et l’équipe du tournage, par contre, disposaient d’un buffet chaud, bien visible des participants.

«Ils n’ont pas goûté»

Pire, s’insurge la Romontoise, écœurée: «Les chefs n’ont pas goûté mon plat (une tomate mozarella revisitée, ndlr), ni celui de la plupart des candidats. Ils avaient des oreillettes et des fiches: ils étaient visiblement guidés par la production et n’ont goûté pratiquement que les plats des 30 concurrents finalement retenus mercredi», assure la candidate (les tours suivants avaient lieu jeudi et hier).

«Il suffisait d’observer le profil des candidats qui les intéressaient pour comprendre: que des profils typés, des jumeaux, un sourd et muet, une personne amputée d’une main, une fille hypermaquillée. Visiblement, ils n’étaient pas intéressés par nos plats, mais par l’audience. Ils n’ont d’ailleurs goûté ces plats que 2 ou 3 heures après leur dressage. Avec ce vent, tout s’envolait: les assiettes étaient pleines de sable et de terre… Où est la cuisine, dans tout ça?», s’étrangle la Glânoise, qui vient d’ouvrir un magasin-atelier culinaire, à Romont.

La conclusion de Sophie Nicolet: «Nous avons été utilisés. Nous étions juste là pour le tournage: 270 figurants pour applaudir les 30 sélectionnés et justifier leur «plus grand casting», estime-t-elle. Un traitement d’autant plus inacceptable pour la Romontoise que les participants - qui y ont cru jusqu’au bout - n’étaient ni payés, ni défrayés.

«J’ai payé moi-même mon voyage à Paris le 13 février pour la première sélection, où mon plat avait été apprécié. J’ai aussi payé celui de Marseille. Je faisais partie du petit groupe qui a réussi à obtenir in extremis qu’on lui paie une nuit à l’hôtel, à Marseille, mercredi soir, parce que le tournage s’était prolongé et qu’il n’y avait plus de correspondance. On était 28 dans ce cas. On a eu droit à 20 pizzas gratuites…!»

«Bref, ce casting m’a coûté 500 francs, sans compter les plats et la recherche. Je veux bien payer, mais pour participer à un vrai concours, et pas pour ce pseudo-casting où tout était joué d’avance! Il faut que les gens le sachent: c’est n’importe quoi!»

TF1 reste injoignable

Un témoignage intégralement recoupé par la Genevoise Silvia Coelho, championne romande des cuisiniers amateurs 2014, qui était aussi à Marseille mercredi. «On était des pions!», résume-t-elle. «J’ai d’ailleurs appris sur place que les 30 sélectionnés avaient eu droit à une épreuve préalable autour du 20 février à Paris, où ils avaient préparé un plat chaud. C’est là que tout s’est joué.» Contactés jeudi par courriel, ni TF1 ni Shine France n’ont pour l’instant répondu à notre invitation à réagir à ces témoignages.

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