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Menacés de suspension

FIFA • Joseph Blatter et Michel Platini font l’objet d’une enquête du comité d’éthique de la FIFA. Le Valaisan et l’ex-meneur de jeu des Bleus risquent une suspension.

Publié le 28.09.2015

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L’avenir de Joseph Blatter, président démissionnaire de la FIFA, et de Michel Platini, grand favori pour lui succéder, pourrait se jouer devant la commission d’éthique de la Fédération internationale, rapportent divers médias. Cette commission a été saisie en marge de l’enquête de la justice suisse sur un versement de 2 millions de francs du premier au second. Le porte-parole de cette commission, Andreas Bantel, a certes refusé dimanche matin de «commenter» cette saisine annoncée dès samedi soir par plusieurs médias, dont la BBC: «Nous ne ferons aucun commentaire, ce qui signifie que nous n’infirmerons ni ne confirmerons» cette affirmation.

Mais M. Bantel de répéter que «s’il y a un soupçon initial, la Chambre d’investigation de la commission d’éthique lance une procédure formelle », et que «ces règles s’appliquent à toutes personnes du monde du football, quels que soient leurs noms ou leurs fonctions». Des propos déjà prononcés presque mot pour mot dans les colonnes de l’hebdomadaire «Schweiz am Sonntag» publié hier.

Le paiement «déloyal»

Ce «soupçon» pourrait-il être basé sur ce «paiement déloyal» de Sepp Blatter à Michel Platini épinglé vendredi par le Ministère public de la Confédération (MPC), un versement exécuté en février 2011, «prétendument pour des travaux effectués entre janvier 1999 et juin 2002»? Sans doute. Et si la Chambre d’investigation de la commission d’éthique s’est bien saisie de ce dossier, vise-t-elle forcément à la fois Blatter et Platini? Car les deux hommes ne sont pour l’instant pas ciblés de la même façon par la justice helvétique.

Le président de la FIFA a été entendu par les enquêteurs en tant que prévenu, pour «soupçon de gestion déloyale » et d’«abus de confiance». Et ce, sur la base de deux choses: ce versement de 2 millions de francs à M. Platini, et un «contrat défavorable à la FIFA» signé en 2005 avec Jack Warner, le président de l’Union caribéenne de football, sur les droits locaux de retransmission télévisée des mondiaux 2010 et 2014. De son côté, le président de l’UEFA a seulement été entendu en tant que témoin.

Platini fragilisé

Une certitude: cette même commission d’éthique n’avait pas lambiné en mai, mettant à peine 24 heures pour suspendre tous les hauts dirigeants de la FIFA interpellés le 27 au matin à Zurich à la demande de la justice américaine, sur fond de soupçons de corruption.

Une telle suspension pousserait M. Blatter vers la sortie de la FIFA. Démissionnaire depuis le 2 juin, quatre jours à peine après sa réélection à un cinquième mandat à la tête de la FIFA, le Valaisan de 79 ans pensait gérer les affaires courantes jusqu’en février et l’élection de son héritier.

En tant que vice-président senior de la FIFA, ce serait à Issa Hayatou de prendre les rênes. «Pour l’instant, il n’y a pas de préparation psychologique particulière pour Issa Hayatou, mais le moment opportun il sera prêt, c’est certain! », a déclaré hier à l’AFP un proche du Camerounais de 69 ans, patron du football africain depuis 1998.

Problème pour la FIFA: M. Hayatou n’est pas totalement exempt de reproche. En décembre 2011, le Comité international olympique (CIO) lui avait infligé un «blâme» ayant valeur de «sanction» pour avoir perçu une somme importante en liquide de la part d’ISL, un partenaire commercial de la FIFA, en 1995. Un conflit d’intérêts, avait jugé la commission d’éthique du CIO.

Du côté de Michel Platini, une suspension signifierait sans doute la fin de ses ambitions de présidence à la FIFA. Dès vendredi, un ancien membre de la FIFA interrogé par l’AFP avait affirmé que «Blatter est aujourd’hui fini», et que le président de l’UEFA «aura du mal à se relever de cette mise en cause». Selon cet ancien haut cadre de la FIFA, la commission d’éthique pourrait en effet le déclarer «inéligible» pour l’élection du successeur de Blatter, prévue le 26 février à Zurich.

Reste qu’une sanction de la part de la commission d’éthique n’a rien d’inéluctable, a souligné cette même source: même si une enquête est ouverte, une suspension «n’est pas automatique, ni pour Blatter ni pour Platini». Pas question en tout cas pour M. Blatter d’avancer son départ sans y être contraint: «Il n’est pas question d’un retrait prématuré… Le président reste président», affirme dans «Schweiz am Sonntag» son ancien conseiller en relations publiques Klaus Stöhlker, selon qui toutes les allégations visant son ancien patron sont «sans fondement».

En cas de suspension de Michel Platini, M. Blatter pourrait même être contraint «de rester en poste au-delà du 26 février, pour que la FIFA puisse continuer à fonctionner», ajoute M. Stöhlker dans l’hebdomadaire suisse.

La menace d’une sanction ne semble pas affoler non plus Michel Platini. «Il est calme, il est serein, il n’a rien à se reprocher, et il est disponible pour être entendu par la commission d’éthique si cette dernière le souhaite», a indiqué son entourage. SI/AFP

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