Un technicien hors pair
coupe du monde • L’Argentin José Pekerman est le sélectionneur d’une équipe de Colombie prête à défier et à faire souffrir le Brésil.
julien pralong, fortaleza
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Même si l’on a coutume de dire qu’il n’est pas une science exacte, le football a ses vérités. L’assurance d’une souffrance certaine en affrontant une équipe dirigée par José Pekerman en est une. Et le Brésil, opposé à la Colombie en quarts de finale du Mondial ce soir à Fortaleza (22 h), doit s’y préparer. Pekerman, 65 ans en novembre prochain, conservera peut-être jusqu’à la fin de sa carrière l’étiquette d'«illustre inconnu» dont l’ont affûblé ses compatriotes argentins depuis plusieurs années. Une forme d’injustice pour un technicien reconnu par l’ensemble de sa profession et qui, tactiquement, n’a rien à envier aux «cerveaux» les plus réputés de la planète football.
Chauffeur de taxi
Au Brésil, Pekerman dispute sa deuxième Coupe du monde après avoir présidé la destinée de son Albiceleste en 2006, jusqu’à une élimination en quarts de finale face à l’Allemagne, après les tirs au but (1-1 ap, 4-2 tab). Un match qui a coûté très cher au sélectionneur, pas uniquement à cause du résultat. Fustigeant ce qu’ils ont considéré comme un excès de prudence - l’Argentine, qui menait 1-0, s’était alors regroupée en défense mais Klose avait égalisé à la 80e -, les médias et les supporters ont adressé deux reproches majeurs au coach: avoir sorti trop tôt Crespo ainsi que Riquelme et ne pas avoir fait entrer le jeune Messi (19 ans à l’époque).
Grillé au pays, Pekerman a dû se reconstruire ailleurs, au Mexi- que (Toluca et Tigres). Et, même s’il avait juré qu’il ne dirigerait jamais une autre sélection que l’Albiceleste, l’offre de la Colombie l’a convaincu de sortir du bois et de se lancer dans la bataille. Une bataille semblant perdue d’avance: après trois matches des élimi- natoires, sans sélectionneur, los Cafateros étaient derniers du classement. L’effet Pekerman a toutefois joué à plein: cinq victoires sur les six premiers matches et la machine était lancée!
Jusqu’à obtenir sa qualification avec la meilleure défense d’Amérique du Sud. Alors Pekerman, le stoïque, a craqué et fondu en larmes. Peut-être en mesurant le chemin parcouru, d’une banale carrière de joueur à celle de coach à succès, entrecoupée de petits jobs, comme chauffeur de taxi au début des années 80, pour soutenir financièrement une nom- breuse famille se trouvant dans le besoin.
Et voici désormais l’entraîneur à la tête d’un des épouvantails du Mondial 2014, prêt à ruiner le rêve de 200 millions de Brésiliens, aujourd’hui dans le Castelão où la Seleção avait déjà été accrochée, lors de son deuxième match, par le Mexique (0-0). Le bilan du technicien dans la compétition est une promesse d’angoisse pour le peuple auriverde: jamais l’Argentin n’a été battu en neuf matches de Coupe du monde, cédant uniquement aux tirs au but en 2006. SI
Au programme, ce soir
Coupe du monde, quart de finale:
Brésil - Colombie 22 h