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Glander après le collège?

Une part des bacheliers ne se dirige pas immédiatement vers des études supérieures à la sortie du collège. L’armée pèse souvent dans cette décision

Glander après le collège?
Glander après le collège?

Louis Rossier

Publié le 20.11.2018

Temps de lecture estimé : 3 minutes

Formation » En 2017, près de la moitié (47,6%) des élèves du Collège de Gambach ne se sont pas lancés dans des études supérieures l’année suivant l’obtention de leur diplôme de maturité. Dans le milieu de l’orientation professionnelle, la démarche divise: «Je me suis longtemps opposée aux congés sabbatiques après le collège, explique Nicole Baggi, conseillère en orientation. Je les associais à de longues vacances qui n’en finissaient pas.» Aujourd’hui ralliée à la cause des congés sabbatiques «à condition qu’ils soient bien préparés», la spécialiste révèle l’absence de consensus dans sa branche. «Une collègue qui travaille à l’EPFL m’a convaincue de leur utilité, illustre-t-elle. Une autre, du service d’orientation de l’Université de Lausanne, s’y montre à l’inverse défavorable.»

Mais qu’est-ce qu’un congé sabbatique bien préparé? «Ça peut être un voyage linguistique, ou une expérience humanitaire», illustre Nicole Baggi, mentionnant l’organisation Commundo, qui propose des projets aux jeunes adultes voulant s’engager. «Beaucoup répètent qu’ils vont organiser quelque chose, mais finissent par gaspiller une année après un petit mois passé à l’étranger, déplore la conseillère en orientation. Dans ce cas, ils régressent plus qu’ils n’avancent.»

Bien s’organiser

C’est un peu le cas de Guy Fasel, qui, après sa maturité, s’est retrouvé sans occupation pendant huit mois avant de servir sous les drapeaux. «Je voulais commencer l’armée en juillet mais il n’y avait plus de place», regrette l’étudiant en histoire contemporaine. «Mon intention initiale était de trouver un emploi temporaire, mais au final…» laisse-t-il en suspens.

De fait, le service militaire apparaît, chez les hommes, comme la première raison de repousser l’entrée à l’université. Et ça se répercute sur les chiffres: ce sont 67,3% des bacheliers masculins qui optent pour une année de transition à la sortie du Collège de Gambach. A l’inverse, les bachelières envisageant une année sabbatique sont minoritaires: 33,8% à Gambach, 26,3% à Sainte-Croix et seulement 25,6% à Saint-Michel. Pour Fabrice Gumy, le passage à l’armée a eu de lourdes conséquences. Son service militaire achevé, il entame des études à l’Ecole polytechnique fédérale de Zurich. Après un mois, il décroche: «Je n’ai pas envie de faire des études en ce moment», affirme le sous-officier. Son année passée sous les drapeaux aurait été déterminante dans sa décision.

L’armée d’abord

Ne vaudrait-il alors pas mieux attendre de décrocher un diplôme universitaire avant de remplir ses obligations militaires? Pas pour Nicole Baggi: «Même si elle ne constitue pas une préparation spécifique aux études supérieures, l’armée permet de développer des compétences d’autonomie et d’ouverture.» Fabrice, lui, ne regrette rien: «Ça ne sert à rien de se lancer dans une voie dont on n’est pas pleinement convaincu», soutient le Fribourgeois avec sagesse.

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