La Liberté

Fribourg, ce terreau d’innovation

Rencontre • La première conférence TEDx Fribourg a fait le plein mardi soir. Combinant tradition et innovation, l’événement a mis en valeur des idées très «high tech in the green».

Venu spécialement de Milan à l’invitation des organisateurs, le directeur de Présence Suisse Nicolas Bideau était plutôt à l’aise dans le cadre résolument «hipster» de la soirée. © Margaux Kolly
Venu spécialement de Milan à l’invitation des organisateurs, le directeur de Présence Suisse Nicolas Bideau était plutôt à l’aise dans le cadre résolument «hipster» de la soirée. © Margaux Kolly

Marc-Roland Zoellig

Publié le 23.04.2015

Temps de lecture estimé : 5 minutes

Terroir et innovation? Deux termes a priori antinomiques mais qui semblaient aller naturellement de pair à la sortie de la première conférence TEDx Fribourg, organisée mardi soir à La Spirale. La cave à jazz de la place du Petit-Saint-Jean avait été transformée pour l’occasion en lieu de pèlerinage pour citadins branchés adeptes de retour à la nature. Plus de cent personnes, dont de nombreux acteurs locaux de la vie politique, économique et culturelle, avaient fait le déplacement. Guichets fermés et succès incontestable, de bon augure pour l’avenir de cette manifestation importée des Etats-Unis (lire ci-dessous).

Dans une ambiance feutrée toute de voûtes en pierre et lumières tamisées, sept conférenciers se sont succédé sur scène, avec chacun leurs idées novatrices pour insuffler un peu de nature et de bonheur campagnard dans des quotidiens trop urbains. Ruches connectées et potagers urbains, épicerie fine mobile, crowdfunding agricole, bière artisanale du chalet brassée en piscine… Les intervenants ont rivalisé d’associations d’idées surprenantes au premier abord, mais parfaitement logiques à l’usage.

Crème double à Milan

«Les innovations d’aujourd’hui sont les traditions de demain», a résumé Nicolas Bideau, directeur de Présence Suisse, qui avait fait spécialement le déplacement depuis le pavillon helvétique de l’exposition universelle de Milan. Très à l’aise dans ce cadre résolument «hipster», il a vu ses idées préconçues sur Fribourg confirmées. «D’un côté, c’est un pays ancré dans le terroir dont il a fait une marque de fabrique. De l’autre, on y trouve un esprit créatif, dérangeant. Je pense à des Siffert, des Tinguely, des Giger… Parler des liens nécessaires entre innovation et tradition y est très facile», expliquait-il en marge de la TEDx.

Et le patron de Présence Suisse de citer BlueFactory, ou encore les institutions culturelles de la ville de Fribourg qui, à l’image de Fri-Son, «font beaucoup pour diversifier son image». Cela dit, le canton de Fribourg est-il représenté à Milan? «Laissez-moi réfléchir… Oui, il y a de la crème double au restaurant! Et du gruyère, évidemment», sourit Nicolas Bideau. Qui ajoute qu’il aimerait aussi mettre en évidence, à une autre occasion, une «belle entreprise» fribourgeoise.

Reste que les plaisirs du palais ont beaucoup occupé les participants à la première TEDx fribourgeoise. Habiter au centre-ville n’est ainsi plus incompatible avec une vocation de cultivateur. En récoltant de l’argent grâce au crowdfunding (financement participatif, en français), des Berlinois ont par exemple construit, sur le toit d’un immeuble, une serre combinant culture de végétaux et pisciculture. Les déjections des poissons servent d’engrais aux plantes, qui purifient l’eau de l’aquarium, a expliqué Hannes Gassert, ancien étudiant de l’Université de Fribourg et collaborateur de la plateforme de financement participatif wemakeit.com.

Tartines et bilinguisme

Les toits d’immeubles peuvent aussi accueillir des ruches produisant un miel souvent de meilleure qualité que celui obtenu dans les campagnes, où l’abus de pesticides décime les populations d’abeilles. Fondateur de la société CitizenBees à Neuchâtel, Audric de Campeau installe ses ruches connectées, gérables à distance grâce à des capteurs, sur des toits d’entreprises. Ancien étudiant en philosophie, il s’est d’abord fait la main à Paris, logeant ses pollinisatrices sur les toits de l’Ecole militaire et du Musée d’Orsay.

Pour clore la soirée en musique tout en restant sur un mode culinaire, le chanteur Gustav a servi au public sa fameuse «Häppörischnitta» (tartine aux fraises) bilingue, rappelant au passage que l’innovation fribourgeoise repose aussi sur la connaissance de la langue de l’autre et sur les échanges culturels (voire amoureux) qu’elle permet.

> Toutes les conférences de la première édition de TEDx Fribourg ont été filmées et pourront être visionnées sur le site www.tedxfribourg.ch

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Des idées valant la peine d’être connues

Diffuser des idées qui en valent la peine. Telle est la motivation principale se trouvant derrière les conférences TED (pour «technology, entertainment and design»), dont la première édition a été organisée en Californie il y a une trentaine d’années. Offrant une tribune libre à des orateurs de tous horizons, disposant chacun d’une quinzaine de minutes pour partager leurs idées et leurs trouvailles avec le public, ce concept a conquis de nombreux organisateurs à travers le monde entier.

A Fribourg, il a été importé par une petite équipe motivée, agissant de manière indépendante mais sous licence. Le petit «x» appondu au sigle TED signifie ainsi que l’événement respecte certains critères définis par les fondateurs originaux. Concernant les thèmes abordés, liberté et créativité sont de mise. Sur leur site internet, destiné aussi à diffuser les enregistrements de l’intégralité des conférences prononcées dans le cadre de l’événement, les «TEDsters» fribourgeois font une liste sommaire: technologies, divertissements, conceptions, sciences, entreprenariat ou encore philanthropie. Les interventions sont entrecoupées d’interludes récréatifs. Mardi, c’est le groupe zurichois Farlow (dont le second album a été produit grâce à un financement participatif) qui a assuré la partie musicale.

«Notre objectif est de mettre sur pied une conférence par année», explique Vincent Bifrare, cofondateur de TEDx Fribourg et directeur d’une agence de marketing et de communication. Etant donné l’intérêt manifesté mardi par le public, au sein duquel on reconnaissait notamment le conseiller d’Etat Beat Vonlanthen, ce but paraît plus que réaliste.

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