Gustave, le fantôme de mon enfance
Michaël Perruchoud
Temps de lecture estimé : 2 minutes
Le mot de la fin
J’en terminais avec ma marche matinale, les mollets en feu et le souffle court, lorsque mon aînée m’a interpellé pour me dire, en termes à peine plus châtiés, que je me déplaçais avec la grâce d’un éléphant rhumatisant et qu’on m’entendait arriver au moins à trois kilomètres. Avant même que je réplique à l’impertinente, m’est revenue l’image de Gustave qui marchait, lui, dans le plus parfait silence.
Gustave, c’était le fantôme de notre enfance, un tout petit monsieur de la montagne, tout sec, dont les cheveux blancs dépassaient à peine du béret, qui traversait les champs et les pâturages et apparaissait sans prévenir au sortir des hautes herbes.
Gustave ne s’attardait nulle part, mais il était partout chez lui. A l’aube, il quittait sa petite maison où il couchait sans même ôter ses vêtements, et parsemait son parcours de visites impromptues, se glissant dans la courbe du vent, furtif comme un Sioux.
Autant dire qu’il nous filait les chocottes. Su