Abiy Ahmed ou la fièvre de la paix
Il a fait la paix avec l’Erythrée voisine: le premier ministre éthiopien a reçu hier le Prix Nobel 2019
Célian Macé
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Corne de l’Afrique » L’homme qui s’est vu décerner le Prix Nobel de la paix 2019 est un paradoxe. Par ses origines, son parcours, ses références, il est un pur produit du centralisme autoritaire éthiopien. Abiy Ahmed est pourtant en train de dynamiter ce régime qui l’a construit, aujourd’hui à bout de souffle. Un assaut mené de l’intérieur, le seul, en réalité, à même de sauver le pouvoir du Front révolutionnaire et démocratique des peuples éthiopiens (EPRDF), qui gouverne le pays sans interruption depuis le renversement du dictateur militaro-marxiste Mengistu Haile Mariam, en 1991.
Quand Abiy Ahmed est nommé chef du gouvernement par les 180 membres du Conseil de l’EPRDF, en mars 2018, l’Ethiopie est au bord de l’implosion. Malgré une répression extrêmement sévère, l’Etat ne parvient pas à mater le soulèvement des régions Oromia et Amhara, qui revendiquent pêle-mêle des droits politiques, un règlement des conflits fonciers, la fin de la tutelle de la minorité tigréenne (6% d