La Liberté

Bruxelles «horrifiée» par la mort d’une journaliste

Publié le 18.10.2017

Temps de lecture estimé : 3 minutes

Malte »   L’Exécutif européen exige toute la lumière sur l’assassinat d’une blogueuse qui a péri dans l’explosion criminelle de sa voiture.

La Commission européenne s’est déclarée «horrifiée» hier par la mort de la journaliste d’investigation maltaise Daphné Caruana Galizia, tuée la veille par une bombe sous sa voiture. Elle a exigé que «justice soit faite».

«Nous sommes horrifiés par le fait que la journaliste bien connue et respectée Mme Daphné Caruana Galizia a perdu la vie hier dans ce qui s’apparente à une attaque ciblée», a déclaré le porte-parole de la Commission Margaritis Schinas lors d’un point presse.

Mme Caruana Galizia «était une pionnière du journalisme d’investigation à Malte», a-t-il rappelé. La Commission européenne et son président Jean-Claude Juncker «condamnent cette attaque dans les termes les plus forts», a ajouté M. Schinas. «Le droit d’un journaliste à enquêter, à poser des questions dérangeantes et à rapporter des informations est au cœur de nos valeurs et doit être garanti à tout moment», a-t-il dit.

Agée de 53 ans, Mme Caruana Galizia tenait un blog extrêmement populaire dans lequel elle dénonçait sans relâche des affaires de corruption impliquant des responsables politiques de l’île méditerranéenne. Elle était notamment à l’origine d’accusations de corruption qui avaient provoqué des élections anticipées en juin.

La police a déclaré qu’elle avait été tuée par l’explosion d’une bombe sous sa voiture alors qu’elle roulait près du village de Bidnija, dans le nord de Malte.

Le fils de la blogueuse, Matthew Caruana Galizia, a accusé hier le Gouvernement maltais de complicité dans ce meurtre. «Vous êtes complices, vous êtes responsables de ça», a lancé sur Facebook ce membre du Consortium international des journalistes d’investigation (ICIJ) à l’adresse des autorités.

Il s’en est pris au premier ministre travailliste Joseph Muscat et à son entourage, les accusant d’avoir rempli le gouvernement, la police et les tribunaux d’«escrocs». Lundi soir, des milliers de personnes se sont spontanément rassemblées, bougies à la main, à Sliema, près de La Valette, pour une veillée en hommage à la journaliste devenue, selon le magazine Politico, «un WikiLeaks entier en une seule femme».

Lundi après-midi, M. Muscat avait dénoncé un acte «barbare» et ordonné aux forces de l’ordre de concentrer toutes leurs ressources pour que son ou ses auteurs soient traduits en justice. «Aujourd’hui est une journée noire pour notre démocratie et notre liberté d’expression», a-t-il déclaré.

Un nouveau rassemblement était prévu hier après-midi devant le tribunal de La Valette pour réclamer «justice pour Daphné».

Hier matin, la famille de la blogueuse a obtenu que la magistrate qui était de permanence lundi et aurait donc dû diriger l’enquête sur l’assassinat se récuse, dans la mesure où elle avait été plusieurs fois visée par des attaques de la blogueuse. ats/afp

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