La Liberté

Cuba prépare l’après-Raul Castro

A La Havane, le congrès du Parti communiste cubain marque le départ du frère du Lider Maximo

Katell Abiven

Publié le 16.04.2021

Temps de lecture estimé : 3 minutes

Caraïbes » Le congrès du Parti communiste de Cuba s’ouvre vendredi pour quatre jours. Il marque le départ de Raul Castro dans un pays chamboulé par la crise économique et l’arrivée récente de l’internet mobile. Voici cinq choses à savoir sur ce rendez-vous majeur de la vie politique cubaine.

1L’ancien présidentRaul Castro s’en va

Trois ans après avoir lâché la présidence, Raul Castro, bientôt 90 ans, cédera le poste suprême de premier secrétaire du parti unique au président Miguel Diaz-Canel, 60 ans. Son projet? Partir en retraite pour «s’occuper des petits-enfants» et «lire des livres» comme le reste de la génération historique (ceux qui ont fait la révolution de 1959), ainsi qu’il l’avait suggéré en plaisantant au dernier congrès, en 2016. De quoi donner plus de marge de manœuvre à Diaz-Canel, qui aura «l’appareil du parti entre ses mains», estime l’ex-diplomate Carlos Alzugaray.

Mais «Raul sera toujours là»: «On pourrait passer à un modèle similaire à ce qui s’est passé en Chine quand Deng Xiaoping n’avait plus aucun poste mais était vivant, donc il fallait le consulter sur tout, il avait le dernier mot.»

2 L’économie esten chute libre

Le pays vit sa pire crise économique en près de 30 ans: en 2020, le PIB a chuté de 11%, la pandémie de coronavirus ayant sonné le glas de son activité-phare, le tourisme. Partout sur l’île, les Cubains doivent patienter de longues heures face aux supermarchés, aux rayons à moitié vides. «Le 8e congrès devrait se concentrer sur la définition d’objectifs crédibles de réformes», plaide l’économiste Ricardo Torres, de l’Université de La Havane. Et «la transformation du système de propriété doit être l’objectif principal», pour accélérer l’ouverture de l’économie au privé.

3 L’île soumise àla révolution internet

C’est le grand changement à Cuba de ces dernières années: l’arrivée de l’internet mobile (3G) fin 2018 a mis fin à cette impression de vase clos qu’avaient les habitants de ce pays, jusque-là l’un des moins connectés au monde. Internet a libéré la parole, permettant aux Cubains de raconter leur quotidien, d’exprimer leurs revendications, de dénoncer des cas de répression et parfois manifester ensuite dans la rue, du jamais-vu à Cuba.

Le congrès s’est fixé pour objectif, parmi son programme, d’apprendre à être plus efficace face à la «subversion politico-idéologique» des réseaux sociaux. «Internet a été un facilitateur de croissance pour la société civile», note Ted Henken, sociologue américain et auteur de La révolution numérique de Cuba (à paraître). Cela a créé «des trous très importants dans le monopole du gouvernement».

4 Chez les voisins,l’inconnue Joe Biden

L’élection de Joe Biden avait suscité de grands espoirs à Cuba. Après quatre ans de sanctions tous azimuts de Donald Trump, arrivait chez les voisins américains un président qui promettait en campagne de faire, au moins partiellement, marche arrière. Mais trois mois après sa prise de fonctions, il n’a toujours pas dit un mot sur l’île.

Juan Gonzalez, son conseiller pour l’Amérique latine au Conseil de sécurité nationale, a prévenu: «Joe Biden n’est pas Barack Obama dans la politique envers Cuba». «Le moment politique a beaucoup changé, l’espace politique s’est beaucoup fermé car le Gouvernement cubain n’a pas répondu du tout», a-t-il dit, dénonçant «l’oppression contre les Cubains».

5 Comme partout ailleurs, l’espoir d’un vaccin

La détection des premiers cas de coronavirus à Cuba, en mars 2020, a été l’occasion pour l’île de prouver l’intérêt de son modèle fortement axé sur la santé, avec, selon l’Organisation mondiale de la santé (OMS), 82 médecins pour 10 000 habitants (contre 32 en France, 26 aux Etats-Unis). Pari réussi: le pays n’a enregistré que 88 445 cas dont 476 décès pour 11,2 millions d’habitants.

Son autre pari, développer son vaccin, semble aussi bien parti avec deux candidats en phase 3. Le congrès pourrait être l’occasion d’annoncer le début de la campagne de vaccination, attendu pour juin. Cuba serait alors «le premier pays d’Amérique latine et des Caraïbes à produire son propre vaccin» contre le virus, salue José Moya, représentant de l’OMS à Cuba. ATS/AFP

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