La Liberté

Entre ici Joséphine Baker

L’icône noire et héroïne de la Résistance a été accueillie au Panthéon

Publié le 01.12.2021

Temps de lecture estimé : 3 minutes

France » «Me revoilà Paris»: Joséphine Baker est entrée hier au Panthéon, première femme noire à rejoindre les grandes figures françaises. Un hommage a été rendu à sa vie «incroyable» d’artiste de music-hall, résistante et militante antiraciste.

Son cénotaphe – un cercueil ne contenant pas la dépouille, restée dans le caveau familial –, porté par des militaires de l’armée de l’air, dont elle était sous-lieutenant, est entré sous la coupole du Panthéon vers 18 h 30.

«Ma France, c’est Joséphine», a lancé Emmanuel Macron en saluant une femme engagée qui a voulu «prouver aux yeux du monde que les couleurs de peau, les origines, les religions pouvaient non seulement cohabiter mais vivre en harmonie».

«Unité du genre humain»

«Sa cause était l’universalisme, l’unité du genre humain. L’égalité de tous avant l’identité de chacun. L’hospitalité pour toutes les différences réunies par une même volonté, une même dignité. L’émancipation contre l’assignation», a approuvé le président. Mais le chef de l’Etat n’a pas oublié de saluer la première chanteuse et danseuse à entrer dans ce monument solennel. «Vous entrez dans ce Panthéon où s’engouffre avec vous un vent de fantaisie et d’audace. Pour la première fois ici, une certaine idée de la liberté et de la fête», a dit Emmanuel Macron. «Vous entrez dans ce Panthéon parce que, née Américaine, il n’y a pas plus Française que vous.»

Le cercueil a d’abord remonté la rue Soufflot sur un immense tapis rouge, devant 8000 spectateurs selon l’Elysée. Après la diffusion de sa plus célèbre chanson: «J’ai deux amours, mon pays et Paris».

Avec 9 de ses 12 enfants

Le cénotaphe est ensuite entré sous la nef, quarante-six ans après la mort de l’artiste en 1975, au son d’une œuvre de Pascal Dusapin. Environ un millier d’invités étaient venus lui rendre hommage, ainsi que neuf de ses douze enfants, émus et heureux de cette reconnaissance.

Le cénotaphe, couvert du drapeau français, restera toute la nuit dans la nef. Aujourd’hui, au cours d’une cérémonie familiale, il sera installé dans le caveau 13 de la crypte, où se trouve déjà l’écrivain Maurice Genevoix, entré au Panthéon l’an dernier.

Joséphine Baker ne sera que la sixième femme – sur 80 personnages illustres – à entrer au Panthéon, après Simone Veil en 2018. Et la première artiste de spectacle.

L’intérêt est marqué également à l’international, avec de nombreux journalistes de médias étrangers accrédités pour la cérémonie. A New York, l’Empire State Building s’est allumé aux couleurs bleu blanc et rouge lundi soir pour honorer la diva née aux Etats-Unis, où elle a combattu pour les droits civiques des Noirs.

«On vit un moment exceptionnel parce que c’était une femme exceptionnelle», a réagi au Panthéon Akio Bouillon Baker, l’un des fils de Joséphine: «Maman aurait été très heureuse (…) Maman représente tous les oubliés de l’histoire. L’entrée de maman, c’est celle de tous ceux qui œuvrent pour un monde meilleur.»

Née le 3 juin 1906 dans une famille pauvre de Saint-Louis (Missouri) d’une Amérindienne noire et d’un père d’origine espagnole, Joséphine Baker a rejoint Paris à 19 ans, où elle devient la vedette de La Revue nègre au théâtre des Champs-Elysées. «C’est la France qui m’a fait ce que je suis, je lui garderai une reconnaissance éternelle», affirmera celle qui a obtenu la nationalité française le 30 novembre 1937. Pour sa participation à la Résistance, elle a reçu les honneurs militaires à sa mort.

ATS/AFP

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