La Liberté

Harvey Weinstein coupable de viol

Le producteur de cinéma a été jugé coupable d’agression sexuelle par un jury de Manhattan

Publié le 25.02.2020

Temps de lecture estimé : 3 minutes

#MeToo » Le producteur de cinéma Harvey Weinstein, 67 ans, a été jugé hier coupable d’agression sexuelle et de viol par un jury de Manhattan. Il est passible de 29 ans de prison au maximum. S’il ne risque pas la perpétuité, c’est parce que le jury l’a disculpé de la circonstance aggravante de comportement «prédateur», qui aurait pu lui valoir la prison à vie. Sa peine sera déterminée ultérieurement par le juge James Burke, qui a présidé aux débats.

Il s’agit de la première reconnaissance de culpabilité dans une affaire post-#MeToo. Ce verdict «change le cours de l’histoire» dans la lutte contre les violences sexuelles, a affirmé le procureur de Manhattan, Cyrus Vance, à la sortie du tribunal. C’est le début «d’une nouvelle ère de justice», a abondé la présidente du mouvement Time’s Up, Tina Tchen.

Unanimité

Le jury a eu besoin de cinq jours pour parvenir à une décision à l’unanimité sur certains chefs, condition nécessaire pour prononcer un verdict. Les jurés devaient se déterminer sur le témoignage de trois femmes, parmi plus de 80 qui ont accusé Harvey Weinstein de harcèlement ou d’agression sexuelle.

Le jury ne l’a jugé coupable que des deux chefs les moins graves, l’agression sexuelle de l’ancienne assistante de production Mimi Haleyi, en 2006, et le viol de l’aspirante actrice Jessica Mann, en 2013. Il a, en revanche, relaxé le producteur d’un chef de viol plus grave lié à Jessica Mann.

L’agression de Mimi Haleyi et le viol présumé de Jessica Mann étaient poursuivis en tant que tels, tandis que le viol d’une troisième femme, la comédienne Annabella Sciorra, bien que prescrit, pouvait, lui, déclencher cette circonstance aggravante. Mais le jury a également déclaré Harvey Weinstein non coupable de ce viol remontant à l’hiver 1993, après avoir demandé à réentendre le témoignage de l’actrice durant ses délibérations.

Tout au long du procès, la défense avait cherché à discréditer le récit des trois femmes. Les avocats d’Harvey Weinstein ont produit une série de courriers électroniques montrant que Mimi Haleyi et Jessica Mann avaient maintenu le contact, de leur propre initiative, avec l’accusé après les faits présumés.

Dans le cas de Jessica Mann, la victime présumée a même concédé avoir eu des relations sexuelles sans opposition avec Harvey Weinstein jusqu’en 2016. «Ce n’était pas une relation», avait martelé la procureure Joan Illuzzi-Orbon. «Jessica Mann était la poupée de chiffon d’Harvey Weinstein.»

Mimi Haleyi a elle raconté avoir eu un rapport sexuel sur l’initiative de l’accusé deux semaines environ après le viol présumé, sans manifester de résistance. Jessica Mann a dit avoir maintenu des relations avec l’ancien magnat du cinéma par «peur», tandis que Mimi Haleyi a expliqué qu’il s’agissait pour elle de maintenir une «relation professionnelle». La défense avait cherché à dépeindre deux femmes opportunistes, prêtes à se soumettre aux caprices du producteur, voire à ses pulsions sexuelles, pour tenter de mettre un pied à Hollywood.

«Dignité sacrifiée»

Ce verdict de culpabilité pourrait constituer un tournant pour le mouvement #MeToo, mais aussi pour la jurisprudence de ce type d’affaires, qui donnent très rarement lieu à des condamnations. «Cela va avoir un impact énorme», prédit Bennett Gershman, professeur de droit à l’Université Pace (NY). «Je vois cette décision comme une victoire retentissante pour l’accusation», a réagi Julie Rendelman, avocate spécialisée dans les affaires d’agression sexuelle. ATS/AFP

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